“Malimba” (Bobe Ba Miohomi Ba), le triomphe d’un héros amoureux : Stéphan Dipita, le pilote de pirogues
Malimba (Bobe Ba Miohomi Ba) de Prudence Théophile Ngwe II a fait son entrée dans le répertoire du 7e art camerounais ce 05 juillet 2024. Dans le cadre l’édition 2024 de Kystal Movie Night, la salle Auditorium de l’hôtel Krystal Palace de Douala a servi de cadre pour l’avant première ce jour.
Alors, il était une fois un homme qui avait passé 30 années de sa vie hors de son village décide d’y retourner. A son retour, il fait face à la violence et la cruauté des jeunes dudit village. Lesquels se sont bien résolus à lui arracher ses terres. Alors ils l’auraient copieusement bastonné et trempé son visage dans un seau d’acide.
Une situation qui occasionna le traumatisme chez le veil homme. Dans le rôle de “l’immortel” le célèbre acteur Baya Bakeya puisqu’il s’agit de lui, décide donc d’exterminer et détruire toutes les vies dans la localité. Se nourrir de leurs chaires et utiliser leur sang comme boisson.
C’est ainsi qu’un groupe d’étrangers venus passer du bon temps dans la plage dudit village se heurte au périple et à la violence de l’homme enragé. Entre chasse à l’homme, coups de feu, frayeur, psychose, capture et tuerie, ils ne peuvent avoir vies sauves que par l’aide d’un pêcheur (pilote de pirogue) qui venait juste remplir son devoir régalien en tendant quelques filets.
Mais, paradoxalement, parmi les membres de ce groupe, se trouvait Ayafor, une fille dont le jeune pêcheur était tombé amoureux. Et celle -ci dans un orgueil aigu, avait refusé ses avances, le traitant de “vendeur de poisson”, sous pretexte qu’elle ne pouvait pas avoir de relation avec un vendeur de poisson parce que, titulaire d’un Bacc + 4.
C’est en effet, l’histoire horrible que le réalisateur Théophile Ngwe raconte à travers son nouveau film Malimba (Bobe Ba Miohomi Ba). Un long métrage d’1h 45 minutes. “Malimba” est une fiction dramatique truffée d’horreur, de comédie et de tragédie. Dans son développement, le film traite de plusieurs thèmes dont, l’héroïsme, la violence, le drame, la mort, l’amour… Le tout pour le vivre ensemble.
En effet, l’héroïsme se perçoit à travers les scènes assez courageuses de l’acteur principal Stéphan Dipita Sonnè. Il a réussi d’abord à tromper la jeune fille. Ensuite là sauver de l’emprise de ce cannibal, ainsi que tout son groupe. Et enfin il réussit à arriver à bout de celui – ci par noyade. Il a su incarné ce rôle avec brio. Dans la stricte maîtrise et la justesse des émotions, du souffle et l’expression du visage.
Quant à l’horreur et le drame, ils s’invitent à répétition sur plusieurs passages à travers les scènes de violence et de mort. Également le zombillisme et le cannibalisme laissent entendre chez le public, pleures et cris. Des parties qui suscitent chez le public, la peur, la pitié, la rancune et la révolte. D’où la question de savoir “Avec autant de scène de violence et sang ce film n’aura t’il pas d’effets néfastes sur la jeunesse et les tous petits?”.
Le lieu apporte plus de coloration au film. Sur le plan esthétique, avec un paysage constitué de cabanes, de pailles, de pirogues, d’eau, de mangrove, de poisson, des berges, des débacadaires et autres outils traditionnels qui plongent le cinéphile dans le quotidien de l’homme sawa dont, l’activité principale est la pêche.
Ceci montre bel et bien que le film est tourné dans une zone cotière au cameroun. Confirmation donnée par la suite par le réalisateur: «Nous avons tourné à Mouanko, dans le département de la Sanaga Maritime et précieusement dans le village Yoyo».
A reconnaitre que c’est assez osé de la part de ce réalisateur de “Tik Jam (Chose etrange) ”, “Ne crains rien, je t’aime”, “Serpent de Bronze” ou encore “Le blanc d’Eyenga”. Prudence Théophile Ngwe ll et la productrice Carine Noubissi ont choisi d’utiliser les jeunes comédiens qui ne sont qu’au début de leurs carrières comme Stéphan Dipita (Dans le rôle principal) pour raconter cette histoire dans sa richesse.
Un risque qui heureusement vaut la peine. Car, il est évident que Théophile voudrait à travers ce choix, apporter une nouvelle énergie au cinéma camerounais et donner une chance à cette jeunesse qui se veut talentueuse. Et en associant à ceux- ci les professionnels comme Baya Bakeya, il essaye certainement de démontrer l’urgence et l’importance dans l’accompagnement de cette nouvelle dynamique qui pourrait selon lui, apporter une certaine innovation au cinéma 237.
Par ailleurs, il met l’accent sur le jeu d’acteur. La gestuelle et le silence sont à priori des les moyens adoptés et utilisés dans le film. Une façon de capter plus d’attention et mettre au défis le public camerounais, mais aussi de démontrer la capacité pour celui – ci à comprendre les histoires à travers les gestes.
La captivité, un challenge gagné car au sortie de la salle, la satisfaction se faisait ressentir et se lisait sur les visages heureux des cinéphiles venus de tous bords pour se régaler de ce magnifique biscuit. Les commentaires de part et d’autre, d’ailleurs, le directeur de l’hôtel hôte de la projection n’a pas manqué de manifester sa satisfaction : “Aller de l’avant, c’est un sacré régal” lance – il d’un air ambiant.
Cependant, quelque dérèglages esthétiques et techniques empêchent l’entière comprehension de « Malimba”. Il s’agit par exemple des élements qui s’éloignent de l’ordinaire. Lesquels éloignent également le film de la réalité. Par exemple, le squelette dont le côté artificiel saute à l’oeil nu.
Pour ce qui est de la chute, elle a été pour ma part très timide et décevante. L’immortel a été tué timidement, sans effort et sans moindre résistance. Ce qui pousse à questionner même le choix du nom “L’immortel” et sa connaissance du milieu aquatique où il vivait. Aussi, les téléspectateurs ont été surpris de la fin du film.
En outre, l’intrigue se raconte de manière linéaire. Elle manque d’intensité. On a l’impression de vivre les mêmes scènes partout. Pas d’évolution sur le plan d’intensité. A peine si l’on perçoit le moment où le film atteint son climax. Aucune musique qui suscite le suspens ni la pression. Quant aux scènes oniriques, elle ne présentent aucune différence entre la réalité et le présent. Par conséquent difficile de se situer dans le temps.
Sur le plan technique, il manque de précision dans les coupures des séquences. Elle sont très brutes et se font vite remarquer. D’autre dépassent la limite de la durée. Le cas par exemple de la scène d’exposition. Tandis que d’autres se voient écourter. Et, parfois, il y’a les scènes où on voit Stephan Dipita sortir de l’eau avec les vêtements quasiment secs. Entre autres les détailles qui éloignent Malimba de la réalité.
Mais au dela de tout manquement, le film de par sa thématique assez osée, son histoire aussi intéressante, le professionalisme du maquillage bien reussi et surtout le privilège accordé au silence dans le dialogue, “Malimba” est un film plein d’avenir. Il faudra juste bien penser sa distribution auprès du public cible.
Et aussi, je pense que c’était une bonne décision pour le réalisateur de confier ce rôle à Stéphan Dipita. Compte tenu de son background ces derniers temps, il peut beaucoup apporter à la visibilité de Malimba.
Olivier Charly (+237) 691347589
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