Ndomè Njoh, la jeune influente de Dibombari: «Je me sens privilégiée dans mon arrondissement»
L’arrondissement de Dibombari, comme je le dis toujours, mérite un regard particulier. Car, dispose d’une jeunesse dynamique qui ose et revêt une influence particulière. C’est d’ailleurs le cas de Ndomè Njoh à qui nous avons tendu le micro ce jour.
Bonjour Ndomè Njoh, merci d’avoir accepté de nous recevoir dans le cadre de cet échange.
Bonjour Olivier Charly. Tout le plaisir me revient et merci à toi d’avoir pensé à moi.
Alors comme le protocole l’exige, nous commençons par la première. Ndom’a Njoh, Sharon, la généreuse etc… Qui est réellement Ndomè Njoh?
Je suis jeune camerounaise, originaire de Pongo de Bon’Ebang Bekoko dans le groupement de Bomono Ba Mbengue, arrondissement de Dibombari et de mère Douala, Bonanjo. De mon vrai Ndome Njoh Ruth Labelle, je retrouve aussi mes origines chez les Bakoko Moungo notamment à Yapaki et à Yassem. Mais aussi du côté de Malimba, dans la Sanaga maritime. Je suis âgée de 43 ans, célibataire et mère de trois enfants. Dans mon quotidien, je travaille comme temporaire à la mairie de Dibombari.
Tu es l’une des rares jeunes dynamiques les plus influentes de l’arrondissement de Dibombari alors que tu n’es venue de Douala que depuis quelques années seulement. Quel astuce as- tu usé pour vêtir une telle influence ?
Je n’ai vraiment pas eu besoin d’utiliser les astuces pour m’intégrer. Au contraire, c’est une occasion pour moi de dire merci à mon arrondissement parce que lorsque je reviens de Douala en 2016, je rejoins le village dans une période très difficile de ma vie. Je n’étais pas sûr de me retrouver ou de trouver des repères. J’étais tellement renfermée sur moi. Bien que je sois dynamique, sociable, souriante et festive, je ne croyais pas vraiment retrouver pleinement mes repères dans mon arrondissement. Mais celui – ci m’a tout donné.
Du côté de Bomono gare dans le groupement de Bomono Ba Jedu, où l’on me voit plus active bien que je sois du groupement de Bomono Ba Mbenguè, je suis plus reconnaissante. Parce que les jeunes de la bas qui ne me connaissaient pas et ne connaissaient pas ma base, m’ont adopté et m’ont donné la joie, la confiance d’où ma grande reconnaissance.
Dans la vie culturelle de l’arrondissement, tu as une position assez privilégiée auprès des artistes et autres. Nombreux comptent sur toi et on peut même écouter ça et là, ton nom raisonné sur des baffles à travers les chansons dédiées. Alors pourquoi cet exploit et comment te sens – tu dans cette position?
Déja à la base, j’aime chanter, j’aime danser, bref, j’aime l’ambiance. Et ma relation avec les artistes remonte en 2018. En effet, j’avais écouté une chanson depuis Douala. Seulement je ne savais pas qui l’avait faite et j’ignorai même qu’il était d’ici. Alors un jour, Dany Premier me fait savoir que cette chanson que j’aime tant est celle d’un petit de Njobwele à Dibombari. Il s’appelle Prince Meilleur.
C’est donc comme ça qu’au fur et à mesure, avec la fréquentation des cabarets que j’aime bien, je mets finalement le visage sur ce jeune et je me dis, si je peux faire quelque chose pour lui à mon niveau pour l’accompagner, je n’hésiterai pas. C’est ainsi qu’on commence à sympathiser ensemble parce que c’est un garçon simple, humble, il n’est pas arrogant, ni suffisant. Il aime écouter et il prend les critiques du bon sens.
C’est donc par lui que je commence et dans l’une de ses chansons, il me dit “Merci” en me baptisant “Ndomè Njoh, la généreuse”. Ceci est passé comme une lettre à la poste. Les autres artistes du terroir ont adopté le nom. Et oui, je me sens bien dans cette position. Dans l’arrondissement je n’ai pas de parti pris, je soutiens tout le monde et je suis avec tout le monde à mon niveau. Mais Prince Meilleur reste le catalyseur de tout ceci.
Toujours dans le sens de la promotion culturelle, l’arrondissement de Dibombari souffre d’un réel déficit de plateforme culturel, il n’existe pas de véritable mouvement culturel capable de rassembler les populations de l’arrondissement, de Bakoko à Dibombari, de Bomono gare à Bomono Ba Jedu, de Bwasalo à Bomono Ba Mbengué et de Yapaki à Bekoko, Bwadibo. D’après toi qu’est ce qui constitue ce frein à la mise en place d’une réelle plateforme de promotion culturelle au sein de l’arrondissement?
Le problème vient d’abord des artistes eux même qui cessent d’être humbles lorsqu’ils sortent un disque. Ceux- ci se prennent la grosse tête et veulent directement converger vers la ville où ils pensent émerger. Il y’a des cabarets dans l’arrondissement, mais qui ne résistent pas vraiment à cause de ce comportement.
Dina Michou œuvre beaucoup dans ce sens mais, rencontre toujours les difficultés. Pourtant, je trouve qu’il sont assez nombreux et très talentueux qui, avec une mise en place d’une team avec les hommes et femmes de culture, communicateurs et évènementiels de l’arrondissement, nous seront inarrêtable.
Penses – tu que les autorités politiques et même traditionnelles, l’élite et les forces vives intègrent – elles vraiment le côté culturel dans leurs différents cahiers de charge et soutiennent ce domaine culturel et patrimonial?
Il s’agit d’une question vraiment embarrassante à laquelle je ne saurais répondre sereinement. Mais en ma connaissance, il y’ a monsieur le maire Justin Bejedi Ndamè, qui est présent, d’ailleurs, son grand frère a tenu la main de artiste Joboloss, il l’a produit. On ne saurait nier et placer aux oubliettes l’apport inconditionnel du conseillé municipal et élite Nguimè Wanga Elie, par ailleurs le parrain de plusieurs artistes comme Dany Premier et bien d’autres.
Pour les chefs, il y’a SM Elongo Kinguè de Bwadibo qui soutient énormément les artistes, il ne manque d’ailleurs pas de faire appel à ceux – ci lors de ses évènements. Le chef Dibanda David qui reste ouvert, SM Kotto Mbellé Françis de Yapaki qui est à l’écoute et met assez de moyens pour la professionnalisation et l’image des artistes à l’instar de l’artiste Samy Solo.
Et toi, que ferais – tu si tu étais à leurs places ?
Déja comme je suis amoureuse et adepte de la culture, je ferai d’abord un effort d’organiser un festival. Pourquoi pas suivre l’exemple de Douala Festi, Ngand’a Behona à malimba, le Ngondo pourquoi pas? Afin de permettre aux artistes Pongo Bakoko d’avoir un espace, une scène d’expression et de promotion. Pourquoi pas créer une division culturelle et folklorique au sein de la mairie. Créer également des concepts qui intègrent tous les domaines de la culture tout en intégrant aussi de volet production artistique dans les budgets.
Ndomè Njoh, temporaire à la mairie de Dibombari. Si je peux me permettre, Que penses – tu du fonctionnement de la mairie de son maire ?
Bien que monsieur le maire soit ma relation personnelle, il a ses qualités et aussi ses manquements comme tout le monde. Mais j’apprécie vraiment son travail car, il fait l’effort de toujours être à l’écoute de sa population. Alors professionnellement il est bon manager. Nous pouvons par exemple remarquer un fort taux de recrutement des jeunes qui n’avaient que comme activités la moto et les champs pour la plupart.
Maintenant le fonctionnement de la Mairie, je m’y connais pas vraiment. Ce qui se ressent est que la division au sein de la structure fait écho et empêche que les employés jouissent vraiment des salaires et tout avantages prévus. Nous les avons voter pour le changement mais la division a fait en sorte que l’arrondissement tout entier est méli mélo.
Ce que j’aurai voulu est qu’en dépit de tout, les différents responsables trouvent un terrain d’entente. Qu’ils évitent de mêler les problèmes de personnes à la gestion de la mairie. Ils auraient éviter une telle division et travailler main dans la main pour la même idéologie, afin de finir en beauté ce qu’ils ont commencé et rendre fier cette population qui attends beaucoup d’eux.
Nous remarquons également, et ça depuis toujours, une certaine rivalité et un reticence entre les jeunes de Dibombari, à Bwasalo, Bomono Bomono etc. Alors toi qui est entremêlée entre ces jeunes de divers villages, comment perçois – tu la chose et que préconises – tu?
La rivalité, je ne la ressens pas beaucoup car, moi j’ai été adoptée et facilement à tous les côtés. Mais selon mes enquêtes personnelles, cette rivalité est un fruits de depuis plusieurs décennies déja. A la base, Les jeunes des groupements Bomono Ba Jedu et Bomono Ba Mbenguè ont eu leur altercation depuis des générations. C’est à cause de leurs divergences.
Sans toutefois insulter ou défendre qui que ce soit, Bomono Ba Mbenguè s’est toujours montré plus tempérant et ouvert, contrairement à nos frères Bomono Ba jedu, Dibombari, Bomono gars, Bwasalo qui ont encore une idéologie plus ou moins renfermée. Mais je crois qu’aujourd’hui, en fonction des domaines d’activés et d’affinités, les uns et les autres s’ouvrent, collaborent et cohabitent de mieux en mieux.
Je crois aussi que, comme dans toutes les familles, on doit s’accepter, accepter l’autre avec ses qualités et ses défauts. Mais toutefois chaque fois qu’un écart se fait montre, on ramène son auteur à des meilleurs sentiments et à un meilleur raisonnement tout en restant aussi courtois.
Entant que jeune qui a des projets, des ambitions et des rêves, Ndomè Njoh est t’elle totalement apanouie dans l’arrondissement?
Oui, je suis épanouie. Même si je sais que malgré mon épanouissement, je ne suis pas acceptée de tout le monde. Il y’en a qui ne souhaiteraient pas me voir, même en peinture. Mais mon secret est de toujours rester souriante et de bonne humeur. Je me sens privilégiée dans l’arrondissement. Et ce privilège je le doit à beaucoup de personnes entre autre SM Dibanda David et SM Kotto Mbongo, .
En effet, ne me connaissant pas, en 2018, le chef Kotto Mbongo (chef de Bomono Ba Mbenguè 2) me fait confiance en me confiant une de ses structures de promotion de Canal +, une tâche que j’exerce bien sous sa houlette. Et plutard, il me sollicite encore pour une autre promotion des produits surpermonts. Ce qui a aussi assez bien facilité mon intégration dans l’arrondissement.
SM Dibanda Mingollè David, chef du groupement de Bomono Ba Mbenguè quant à lui, m’apporte beaucoup en tout, mais surtout en conseils et en lui, je suis vraiment très reconnaissante.
Alors, une fois de plus merci d’avoir accepté de nous accorder cet échange. Pour terminer, quels conseils donnerais – tu à tout jeune de l’arrondissement qu’il y soit ou ailleurs et qui te lit aujourd’hui?
Je dirais tout simplement à nos jeunes d’éviter les longs yeux de prime abord, éviter la facilité et travailler ardemment. De comprendre que dans la vie, il y’a les moments de gloire mais aussi les périodes difficiles. Lorsqu’on arrive à gérer ces deux périodes, on ne peut que rester sérin. Également de savoir que ses problèmes internes doivent rester internes et se gérer en interne. Ne pas envier ses frères et sœurs, mais toujours leurs souhaiter du bon vent. Tout commence par là.
Olivier Charly (+237) 691347589
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