Comprendre les rites et le mystère autour de l’enterrement d’un chef traditionnel
Tous les hommes ont droit aux obsèques bien dignes, quelques soit le statut qu’ils ont occupé dans leurs vies antérieures, c’est une évidence. Mais ceux d’un chef sont differents, compte tenu du poids des traditions, us et coutumes de chaque communauté.
Il est vrai que tous les hommes sont égaux devant la mort. Mais, chaque ethnie a sa façon de dire au revoir à son pèlerin lorsque celui- ci est rappelé au Seigneur. Et généralement, chez les bantous, il s’en suit un certain nombre de rites qui concourent au respect des traditions.
Alors, lorsqu’un chef passe de vie à trépas, sa mort est gardée secrète. Personne ne doit en parler au risque d’être frappé pour avoir commis l’ignominie. Également, et surtout, il est strictement interdit que son corps soit admis à la morgue. Au contraire, il est enterré nuitamment.
En effet, la dépouille d’un chef doit en principe être enterrée avant minuit. D’abord, parce que spirituellement, minuit n’est pas une heure appropriée pour ce genre de pratique. Ensuite, parce que minuit c’est déjà le lendemain et le corps d’un chef ne doit pas arriver au lendemain.
Cependant, si le décès survient en journée, le corps est déposé dans un lieu sacré appelé “diɓálā” ou case sacrée, bien gardé et conservé par des formols traditionnels bien connus par les initiés. Après, il s’en suit un genre de préparatifs qui ne sont pas observés à la mort du commun des mortels. Par ailleurs, n’assiste pas à l’enterrement d’un chef qui veut.
Seul la ou les épouse (s) du défunt et quelques membres de sa famille sont autorisés à assister a son enterrement. A savoir que l’enterrement d’un chef n’est pas l’œuvre de la famille, mais l’initiative de la communauté, sous la houlette des garants des traditions. C’est- à – dire: les notables, les patriarches (beyum ba bato), les maŋgɔ́n (femmes au rang de notables), chefs de familles et toutes personnes inversties des pouvoirs traditionnels.
Ceux- ci procèdent donc à l’enterrement nuitamment, avec entre autres les rites de l’esa, la rupture des liens, le lavage des membres de familles proches du défunt, les rites de diɓɔkuɓɔku etc. Après cela, le collège des chefs se réunit et arrête la date des cérémonies publiques, et officielles de leur homologue.
Dès cet instant, amis, membres de la famille, notables et chefs s’attèlent aux préparatifs de l’événement. Un dignitaire, ou un groupe de dignitaires (comité d’organisation) est alors commis pour recevoir et garder toutes les contributions y relatives, qu’elles soient en espèces ou en nature, et qu’elle que soit leur provenance.
Le jour « J » arrivé, les chefs commandent un cercueil qui va passer toute une journée dans la case secrète avant d’être enterré dans la tombe du chef disparu. Celui – ci contient des morceaux de troncs de bananiers (mitíŋgílíŋgí), tradition exige. On se rassure que le chef est accepté et siège auprès de ses ancêtres.
Ainsi, les groupes de danses diverses se forment, plusieurs sortes de tenues traditionnelles sont cousues, entre autres animation culturelle et traditionnelle. Après, les témoignages et offices religieux, la cérémonies prend une tournure festive. Et c’est un grand jour au village… On boit, on mange en abondance.
Pendant ce temps chez certaines ethnies comme tel est le cas à l’Ouest, les notables se mobilisent et s’activent, forment des équipes. Le hommes bien masqués et bien outillés rodent autours des descendants de la lignée du disparu. Et plus tard, le successeur est arrêté, puis conduit dans la case sacrée où il passera une bonne période pour être apprêter et initier. Il ne sortira de là que, lorsqu’il sera prêt à continuer le travail des son père.
Dans la communauté Sawa par contre, le nouveau chef est désigné plus tard, soit entre les frères du défunt (Si ceux- ci vivent encore), soit entre ses enfants (S’il n’a plus de frère), avec un accent sur le droit d’aines.
Olivier Charly (+237) 691347589
Aucun Commentaire