MAMITON « C’est par une annonce à la radio que ma carrière prend de l’envol en 2003 »
Elle débute sa carrière par cette annonce à la radio en 2003, elle évolue aux côtés de Mitoumba, aujourd’hui, elle est l’une des actrices les plus sollicitées et les présentes sur les plateaux de tournage camerounais. Pour certains c’est la méchante femme et pour d’autres c’est Mamiton. Oui nous accueillons aujourd’hui l’actrice camerounaise Kentsop Céline Orgelle alias Mamiton.

Bonsoir Mamiton et merci d’avoir accepté de nous accorder cet entretien
Bonsoir Olivier Charly, merci à vous également, le plaisir est partagé.
Alors qui est Mamiton?
Je m’appelle Kentsop Céline Orguelle, actrice camerounaise originaire de Dschang, c’est dans la région de l’Ouest- Cameroun. Je suis âgée de 51 ans, mère de quatre enfants dont trois filles, un garçon et grand-mère de six petits-enfants.
Mamiton Comment s’est faite votre rencontre avec le cinéma ?
En 2003, alors que je travaillais encore dans une imprimerie à Bonaberi, j’ ai écouté un avis de recrutement d’animateurs et d’actrices pour le compte d’une radio de la place. J’ai fait les deux demandes et je suis allée déposer. Mais un adage de chez nous « Si tu n’as personne sur un prunier, tu ne mangeras pas les prunes noires ». Alors je n’avais personne, je devais donc me rendre à la radio pour savoir à quel niveau mes dossiers se trouvent.
Je croise mon grand frère Nguekep Tankoa Flobert
Heureusement pour moi un jour, alors que j’étais devant cette même radio, toute démoralisée et ne sachant quoi faire, je vois un monsieur passer et celui-ci m’appelle par mon nom d’enfance « Cégan » et puis par mon pseudonyme Céline Orgelle. Quand Je me retourne, à ma grande surprise c’était mon frère.
On s’entretient
« Tu travailles à la radio ? » : me demanda-t-il. « Non » : j’avais répondu. Il demande alors ce que je venais faire par là. C’est ainsi que je lui dis que cela fait plus de 8 mois que j’ai déposé une demande d’emploi ici et chaque fois je viens pour son suivi. L’ayant expliqué de façon détaillée de quoi il s’agissait il m’a dit de ne pas m’inquiéter, qu’il va rencontrer son collègue Ebenezer Kepombia dit Mitoumba.
Il me met en contact avec Mitoumba
A cette époque mon grand frère était enseignant au Collège de la Vallée où Mitoumba (Ebenezer Kepombia) enseignait aussi. Ensuite il m’a dit que ces jours Mitoumba organise un casting. Il m’a remis son contact et m’a dit de me rendre au centre touristique à village (Douala) deux jours après. Que si je rencontre monsieur Kepombia Ebenezer, je lui dise que je viens de sa part.
C’est ainsi que très ponctuelle, je me rends au lieu-dit à 13h 40 min au lieu de 14h comme prévu. Pendant ce temps, Les gens venaient de partout. Des jeunes filles, des jeunes garçons etc. Mais moi, j’étais dans mon coin et je priais. En même temps dans mon cœur je me demandais si on allait même me prendre. Directement j’ai vu Mitoumba venir et je suis allée vers lui, je me suis présentée et je lui ai dit que je venais de la part de monsieur Nguekep Tankoa Flobert. Il est agréablement surpris par cette ressemblance entre mon frère et moi.
Mitoumba Me demande alors…
« Tu vas même tenir ? ». Et j’ai répondu : « Vous allez me juger au pied du mur ». Il m’a demandé de retourner m’assoir. Une fois assise j’ai continué à prier en appelant tous les dieux. Quand il est revenu vers moi, Il m’a remis plusieurs papiers format en main et m’a dit de lire tout ce qui concerne le personnage Mamiton, et laisser pour mon adversaire qui était écrit sur les mêmes papiers.
Ma prise de Contact avec le cinéma
J’ai lu, lu et je ne faisais que lire en me demandant que la comédie là, c’est même quel genre ? Donc c’est comme ça que s’est ? Donc c’est l’école qui a encore recommencé ? Est-ce que je connaissais (Rire) ? Après plusieurs heures de lecture, il m’appelle en me demande si je n’ai pas fini. Ce qui était déjà fait bien sûr. Après, il m’a dit de passer à l’acte.
Au premier casting
Je suis montée sur le podium en présence des membres du jury. En regardant à gauche et à droite, j’ai vu une brindille de balai et j’ai eu l’inspiration. Subitement. J’ai pris cette brindille de balai et commencé à balayer. Lui-même Mitoumba qui jouait le rôle de mon fils, est venu me rejoindre sur scène et me dit :
- Lui « maman »
- Moi : « oui »,
- Lui : « tu ne pars pas à l’hôpital regarder papa qui est malade ?
- Moi : Quoi je suis sa seule femme ? C’est la première et la dernière fois que tu me pose ce genre de question. Il n’a pas deux femmes ?…
Ma première fois d’être applaudie
C’est comme ça que tout le monde s’est mis à m’acclamer. J’étais moi-même dépassée. Subitement, j’entends comment les voix s’élèvent dans la salle en criant « Mamiton » « Mamiton » « Mamiton ». J’ai pleuré ce jour Seigneur ! Je ne demandait « Où on va encore dire quoi ohh? ».
Et oui je suis retenue
Mitoumba m’a dit va t’assoir là-bas. Les membres du Jury ont dit mince voilà une actrice. Tu as vu comment elle a changé subitement (ils parlaient de l’attitude et de l’expression de mon visage qui est entré en colère après la question que m’a adressé mon fils). Bien après, quand on a fini le casting, il m’a remis le scénario et m’a demandé d’aller lire et de lire aussi pour mon adversaire, pour savoir ce qu’il va répliquer dans d’autres phrases. Il a pris mon numéro et a dit qu’il va m’appeler pour m’informer du programme des entrainements.
Entre temps…
C’est donc comme ça que ma carrière débute en 2004 avec la série « Foyer Polygamique », ensuite « Ennemi intime », « Cercle Vicieux », « La Belle Mère », « Reine Blanche », « Habiba » et je suis en train de tomber maintenant sur « Monsieur et Madame » et beaucoup d’autres films comme « Conséquence tribale » de Blaise Option, « Miranda », « Jugement dernier », « Le monde à l’envers », « Femme autoritaire » « l’ombre du mensonge », je ne me rappelle plus d’autres longs et courts métrages. C’est même souvent quand je me vois dans une série que je me demande à moi-même que c’était en encore quel film ici (Rire).
Et pourquoi avoir choisi le cinéma ?
On ne choisit pas le métier. Quand je fréquentais, Je disais toujours à ma mère que je serais sage-femme. Bon si elle me poussait à l’école peut être je le serais aujourd’hui. Mais comme on dit souvent que «L’homme propose, Dieu dispose ». Avant d’entrer dans la comédie, je travaillais dans une imprimerie à Bonaberi. Dans celle-ci, quand tu travaillais deux mois, tu chômais six mois (Rire).
Mimiton quel est le rôle qui vous a le plus marqué dans vos films et dont vous êtes le plus fier ?
Dans tous mes films, je suis fière de mes rôles, parce que je suis une personne que quand je veux travailler, je le fait tellement bien. Ceux qui ne me connaissent pas disent que la femme-là doit être naturellement méchante en dehors du film. Mais ceux qui me connaissent savent que je joue bien mes rôles. Même pour préparer, je prépare correctement. Je fais bien tout ce que je fais et je le conseille d’ailleurs à tous ceux qui me lisent et comme dit le dicton : « Même si tu es un balayeur de rue, balai correctement… », Parce qu’il faut aimer ce que tu fais.
Le métier d’acteur nourrit-il son homme ?
C’est le jonglage. Je ne peux pas te dire que ça nourrit son homme. On fait dans la jungle. Surtout nous les acteurs. Les producteurs et les réalisateurs s’en sortent parce que c’est leurs produits. Ils peuvent les vendre pour se faire de l’argent après l’investissement bien- sûr. Mais personnellement, je peux dire que ça me nourrit parce que je ne fais rien d’autre que la comédie. En 2012 ma fille a eu un accident grave qui lui a valu l’amputation de sa jambe. Je ne pouvais pas avoir assez d’argent pour ses soins. Mais j’ai reçu le soutien de partout dans le monde entier. La période là, tout le monde a eu mon numéro. Ceux qui pouvaient contribuer le faisaient, ceux qui pouvaient me dire du courage pour me réconforter le faisait aussi. J’ai reçu un accompagnement de mes fans, la population etc…
Je remercie le Bon Dieu car, il y’a des matins, quand je sors, soit pour aller au tournage, soit au marché, je rencontre des personnes qui peut être ne m’ont jamais vu en face, ils me saluent et demandent à avoir mon numéro soit pour des évènements. Parfois d’autres c’est genre, « Mamiton prends ceci même pour acheter du riz ». Donc, je peux dire que ça nourrit son homme d’une manière ou d’une autre.
Quelles sont les difficultés auxquelles Mamiton fait face dans le métier ?
Que tu sois bonne ou mauvaise actrice, les difficultés ne manquent pas. Par exemple quand je passe dans un quartier qu’on ne m’a jamais vu, les gens crient, m’insultent et me traitent de méchante femme ou une sorcière. Mais je suis habituée, c’est mon quotidien et je le consomme. Parce que, si je ne jouais pas bien, l’on ne me jetterait pas les pierres car on ne jette les cailloux que sur un arbre qui a produit.
Dans mon quartier, quand je suis arrivée, lorsque je passais, je saluais toujours. Certains me voyait le faire, ils demandaient aux voisins « Vous causez avec la femme là, vous avez le cœur hein » (Rire). Mais avec le temps on s’est familiarisé et on vie en solidarité. Même avec les enfants tous avaient peurs de moi. Mais de temps à autre on partage les petits jus que j’achète. Je le fait afin qu’ils n’aient pas peurs de moi dans le quartier et qu’ils comprennent que je ne suis pas comme à la télé.
Merci Mamiton, nous arrivons à la fin de notre entretien. Vous avez un mot de fin sur le cinéma camerounais et les jeunes cinéastes?
Les jeunes d’aujourd’hui ont tendance à croire que dès qu’on entre dans le cinéma on se fait directement de l’argent. Mais sachons que chacun a sa chance. Jean Michel Kankan était un grand humoriste camerounais et il était reconnu partout dans le monde, mais il est décède sans manger le perdiem de son argent. Nous sommes arrivés dernière et nous mangeons aussi un peu et ceux qui sont arrivés derrière nous mangent plus que nous et c’est comme dans tous les métiers. C’est échelon par échelon. Dans tout métier que tu choisis, il faut être persévérant, cultiver la patience, avoir la foi, volonté et l’amour du métier .

Par: TATIANA KUESSIE (Journaliste), OLIVIER CHARLY (Blogueur) et ICI CINE (Site de promotion de cinéma camerounais)
1 commentaire
Il fallait cet entretien pour comprendre ce qui se cache derrière ce visage qu’on a vite fait de taxer comme une femme méchante. Merci Charly