« Pona Pana » de Toms Yoms, Kamille Abongo et Herve Nguebo ont-ils eu raison sur leur remix ?
Extrait de l’album « One More Step » du chanteur camerounais Kamille ABONGO paru le 18 mars 2021, « Pona Pona » est l’un des chefs d’œuvre que le monde mélomane a hérité de l’artiste compositeur et chantre camerounais Tom Yoms, de regrettée mémoire. 22 ans après sa sortie en version originale, c’est à Kamille Abongo et Herve Nguebo que nous devons cette audace de nous replonger dans les plus profonds souvenirs de ce titre tiré de l’album « Evolution Time » en 1999.
La version telle que proposée par Abongo Ombouda Severin Rodrigue puisqu’il s’agit de lui, est un mélange de makossa et de l’Afro beat composé par Thierry Abdou Yaya. Ce choix n’est pas un simple hasard car à travers ces genres, l’artiste essaye de peindre deux époques différentes et établir la corrélation entre la vieille et nouvelle génération. C’est sur ces notes de guitare Solo et Rythmique de Herve Nguebo, posées sur une batterie et les percussions de Haoussa Drums, qui avalent presque la voix off de Monique et Kamille que le duo a choisi de passer leur message. Parlant du message, le biscuit « Pona Pona » mixé et masterisé par Dj Réné Kool, est un appel à la conscientisation de la jeunesse qui de plus en plus semble acculturée.
L’histoire derrière « Pona Pona »
Bien qu’ayant subi une déformation, le titre « Pona Pona » qui serait en principe « Pɔ na pɔ », est une expression qui traduit « une longue attente d’un retour sans suite» ou encore « un désespoir vis-à-vis d’un retour incertain ». « Pona Pona » est alors un délice consciente qui s’intéresse et interpelle sur le problème du manque d’infrastructures scolaires et estudiantines en zones rurales, l’irresponsabilité et l’immoralité de certains jeunes. Elle raconte l’histoire d’un jeune qui se sent obligé de se disloquer de sa famille pour se rendre dans la ville capitale économique du Cameroun pour continuer ses études. C’est d’ailleurs ce qui se passait à Dibombari, le village natale de Tom Yoms, il y’a quelques années.
Alors que celui-ci constituait l’avenir de sa famille, le jeune lycéen à la recherche d’un lendemain meilleur, devait se rendre en ville pour quelque temps. Ses parents feront alors tout pour rendre possible et fructueux son voyage et son séjour. Cependant aussitôt parti, le beau- goss s’éloignera complètement des objectifs et n’optera que pour la vie de débauche. Ses pauvres parents, très inquiets, attendront le retour triomphant de leurs fils durant plusieurs années. Pourtant celui-ci étaient sensé revenir soutenir sa familles à travers ses connaissances acquises loin de sa famille.
Malheureusement, la grande attente sera vaine car l’espoir de la famille avait oublié ses racines et d’où il vient. Les parents avaient perdu tout espoir. Malgré tout, avec son cœur maternel, la maman s’était rendue en ville à la recherche de son garçon, toujours sans suite. Conscient il était au départ, il a étudié avec brio et trouvé un emploi. Mais inconscient il est devenu, il a perdu celui-ci. Il est donc plongé dans le regret et décide enfin de rentrer au village retrouver sa famille. Voilà l’histoire que Kamille a décidé de repeindre avec Herve Nguebo.
Pourquoi le choix du featuring avec Herve Nguebo ?
La question semble inutile pour certain et pas pour d’autres. Pourquoi pas Kaissa Pakito qui portant, a eu vocation et pour habitude d’interpréter les chansons de tom Yoms avec tonus et beaucoup d’énergie, lors de ses spectacles. Mais ce qu’il faut comprendre est que la chanson « Pona Pona » telle que présentée par Kamille Abongo, peint deux époques différentes avec les même maux qui persistent. Herve Nguebo est alors considéré comme l’un des artistes dit de génération intermédiaire qui, malgré son âge a appartenu à ses deux époques. Il est donc à ce titre la personne idéale et la mieux placée pour jouer ce rôle.
Pona Pona une chanson aux émotions fortes
Les émotions nous transparaissent et nous pénètrent alors lorsque la symphonie de cette chanson fait naitre en nous des pourpres et la chair de poule. Grande elle est lorsqu’on écoute cette voix aigue de Kamille et l’est encore plus lorsque cette voix se voit entre groupée par celle mi- sèche et mi- grave du Maestro Herve. Mais l’orgasme auditif et sensoriel serait encore plus atteint si on y ajoutait la voix limpide de Kaissa Pakito, comme il sait bien le faire.
Sur le plan de l’expression
Kamille Abongo, digne fils du Centre, chante en langue Douala et anglaise en grande partie. Par ce choix, il voudrait faire montre du multilinguisme et de la diversité culturelle dont regorge le pays de Manu Dibongo et Talla André Marie. Il souhaite également mettre en avant le vivre ensemble et la cohésion sociale dont a besoin le Cameroun en ce moment, pour l’instauration de la paix.
Analyse du vidéogramme
La qualité du clip n’est pas très appréciable, mais on peu comprendre que son réalisateur cherche à allier la réalité de la version originale de la chanson et celle de maintenant. Le réalisateur Christian Eyi, use d’une grande fréquence de shoots en plan d’ensemble. Le but étant de situer les récepteurs sur les lieux où se déroule l’épopée. Elle se déroule dans un village au Cameroun et dans la ville de Douala.
Egalement, nous apercevons une forte fréquence de prises en moyens plans, en plan rapproché et en gros plans. Ici l’accent est mis sur la gestuelle et les actions des différents protagonistes.
Les costumes proposés par Didi Muna et le maquillage d’Aurelie Merciel Bilong hair style quant à eux, illustrent parfaitement l’époque de la chanson et les origines de son auteur. Ainsi à travers ce Kaba et le pagne, il nous promène dans une société Sawa dont est issu l’américain de Dibombari.
Personnellement la composition des lumières utilisées comme décoration dans la production n’est pas appropriée et donne lieu à une autre interprétation. Mais dans l’ensemble malgré les vices négligeables, je crois que Kamille et Herve ont marqué un point. La chanson dans le fond s’apparente tant bien que mal à un hommage à son compositeur Tom Yoms.
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