MÉMORIAL: SM Dipanda Njoh Gustave, Pourquoi laisser ton peuple dans un chemin sombre et sans repère
Du noir partout, un mauvais vent a encore frappé le village de maman. Sous les sons amplificateurs du tam-tam ondin, le ciel s’obscurcit. Les pleurs de part et d’autre, sont la preuve indéfectible que le drâme vient de se produire. Une personne emblématique s’est éteinte. « Dipanda Njoh Gustave Jacquard n’est plus et son peuple pleure ».

Plus qu’un gardien des traditions, il était un héros pour certains, un conseiller pour d’autres ou encore un ennemi pour d’autres. Dipanda Njoh Gustave Jacquard était un moulé des traditions, homme intègre, pétri des valeurs nobles des missions ancestrales auxquelles il était investi.
Notables de son rang dans le groupement de Bomono Ba Mbengue, chefferie de 2e degré, dans l’arrondissement de Dibombari, Département du Moungo, Dipanda Njoh Gustave est né le 26 mai 1970 à Douala. Fils de Njoh Dipanda Jacques de Bonamabong Bon’etale et de Bekoto Elombo Régine de Bonabweng – Bonatomba, Il est issu d’une famille de 08 enfants dont il était le septième. Le premier étant une fille.
Alors, après le décès de son papa Njoh Dipanda Jacques, il remplace valablement celui-ci dans ce poste de premier notable qu’il a occupé pendant 22 ans, avant d’être rappelé par Seigneur le 04 août 2024 auprès de ses ancêtres. Mr le maire, comme il se faisait appeler affectueusement a été intronisé le 26 mai 2002 par Sa Majesté Mondo Mingolle Isaac. Ce fervent rassembleur a su conduire son village dans le respect strict des us et coutumes de la société Sawa en général et Pongo en particulier.
Dans sa jeunesse, Dipanda a entrepris ses études primaires à l’école du Camp militaire de Bonanjo à Douala, où il obtiendra un certificat d’études primaires élémentaires (CEPE). Il intègre ensuite le centre pratique de formation ouvrière (CPFO) où il ressort avec un certificat d’aptitude professionnelle (CAP). Avec ces diplômes, il s’insère très bien dans la vie sociale et sociétale. Rejoignant ainsi la brillante équipe de SAE avant de créer « Les Technologies Nouvelles », sa propre entreprise qui dirige jusqu’à ses derniers jours.
La courtoisie et la générosité sont des forts qui font de lui un rassembleur par essence qui ne manquait jamais de jeter un bonjour ou un bonsoir même aux tous petits à son passage. Dipanda Njoh Gustave s’en va aujourd’hui, laissant derrière lui, une famille nucléaire très éprouvée et un village sans repère. Ses amis et connaissances anéantis se posent cette éternelle question rhétorique de savoir : l’homme qui es tu ?
Qui es tu homme? Es-tu cette matière insaisissable qui, loin d’être figée, transforme, disparaît et renaît au fil des générations. Dipanda nous laisse baigner dans une plongée vide habitée par la solitude, la mélancolie et la tristesse. La culture, les us et les coutumes Pongo et Bomono en particulier ont perdu un vaillant soldat.
L’on tourbillonnant le cerveau meurtri, girofate avec des questionnements à la fois énigmatiques, rhétoriques et rétrospectives. Dipanda Gustave premier notable de la chefferie de Bomono Ba Mbengue a t-il eu suffisamment de temps pour préparer une relève ou une réelle transmission ?
Malheureusement, nous n’en sommes pas certain.
La vie n’est rien et rien ne vaut la vie. Dipanda Njoh Gustave n’est et son peuple se meurt.
Olivier Charly (+237) 691347589
Aucun Commentaire