La dot chez les Bakas: un vrai symbole de l’échange entre le 17e et le 19e siècle
Au Cameroun, la perception et la définition de la dot (mariage traditionnel) diffèrent selon les ethnies et les cultures. Chez le peuple Baka notamment, entre le 17e et le 19e siècle, celle- ci était placée sur le seul signe de l’échange
C’est vrai que pour certains, c’est l’ensemble de cadeaux qu’un homme offre à sa belle-famille en guise de remerciement pour avoir pris soin de sa femme dès la naissance. Et pour d’autres, c’est le prix d’achat que l’homme donne à sa belle famille, pour rentrer en possession de son bien (sa femme). Mais, même si de nos jours, elle est pratiquée différemment selon les ethnies, la dot reste le fondement d’un mariage dans toutes les régions du Cameroun, et pour une forte raison, dans la société Baka.
Le quotidien Baka
Peuples sédentaires, semi- nomades communément appelé pygmées, les Bakas sont des hommes de petites tailles, vivants de la chasse et de la cueillette. Ces collecteurs de miel et d’insectes sont localisés dans les campements et huttes, au fin fond des forets du Sud- Est Cameroun. Autrefois, constitués en clans d’hommes parentés, c’est – à – dire de frères, cousins, leurs femmes et leurs enfants, ces peuples partageaient leurs quotidiens dans le strict respect des us et des traditions.
Dans la moelle du mariage traditionnel BAKA
Peuple non fortement hiérarchisé, mais plutôt assez égalitaire. Selon leurs cultures, le mariage traditionnel obéissait à une condition basée sur le symbole de la dot. Celle-ci ne concernait pas le père de famille de l’enfant. Mais revenait plutôt au clan entant que fondement de la famille. En effet dans cette partie du pays, lorsqu’un homme était en âge de se marier, les membres de son clan allaient lui trouver une femme dans un autre clan. Puis s’en suivait un transfert. A la suite, une fille (sœur/ cousine) de son clan était échangée contre une de cet autre clan. Cependant, l’homme ne quittait pas son clan à la suite de mariage, plutôt à contrario, c’est la femme qui le rejoignait.
La dot baka, absence des biens et symbole de la fertilité
La dot en ce temps, ne faisait intervenir ni biens, ni enveloppes de toutes sortes comme tel est le cas dans nos sociétés de nos jours. Elle était symbolique et basée sur la question de la fertilité de la femme. Cette condition constituait un élément majeur dans l’exercice de la dot chez les Bakas entre le 17 e et le 19 siècle. Et si jamais il s’avérait que la femme accueillie dans la famille ne soit pas à mesure de procréer, son clan devrait en fournir une autre pour accomplir le devoir de pérennité familiale. Ce pouvoir de procréation de la femme ici, constituait par ailleurs l’objet principal de l’échange.
S’il fallait donc résumer, le mariage traditionnel chez la communauté Baka se faisait par un échange « tête pour tête ». Lorsqu’un garçon désirait épouser une fille, il fallait qu’il désigne sa sœur ou sa cousine, afin qu’elle se marie avec le frère ou le cousin de sa fiancée. Ce qui rend souvent difficile ou même impossible, car cette condition n’étant pas toujours aisée. Et jusqu’aujourd’hui, les choses n’ont pas beaucoup changé.
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