Le processus d’intronisation du roi en pays Bamoun, une ressource sacrée
Comme dans la plus part des sociétés traditionnelles organisées au Cameroun, Les rites d’intronisation sont une formalité à respecter dans le processus de désignation d’un pèlerin. Ceux-ci prennent corps après le départ et l’inhumation du roi destiné à rejoint la table des ancêtres. Chez le peuple Bamoun par exemple, cette cérémonie sacrée obéit à un instrument juridique bâti sur les us et coutumes.
Les souches intronisatrices
La cérémonie d’intronisation en pays Bamoun est à priori l’œuvre de deux classes sociales héréditaires, notamment les Kom (notables cofondateur du royaume) et les ponmafon (frères et fils du roi). Chacun ayant un rôle propre dans le royaume. Les Kom sont les conseillers intronisateurs, tandis que les ponmafon sont des conseillers observateurs constitutionnels du palais.
Le déclenchement du processus d’intronisation dans le royaume bamoun
C’est après inhumation du roi que tout le processus se déclenche. Ainsi, les deux grands conseils du royaume se réunissent afin de mener une réflexion et mettre en œuvre la volonté successorale du défunt roi. Et puis s’en suivent alors les rites qui se déroulent en deux phases essentielles, notamment l’immobilisation du prince et la présentation du nouveau roi.
Le prince garder en statut pas de !
Cette première phase marque le début des rituels d’intronisation. Ainsi, celui qui jusqu’à hier n’était encore qu’un prince doit céder à la volonté des ancêtres. Ici, les kom, les ponmafon à qui s’ajoutent les Nji- fonfon (premier ministre du palais) et les titâ- mfon (ministres conseillers politique du roi), se retrouvent au palais tard dans la nuit pour organiser la succession. Ceci se fait sous la base d’un testament écrit ou oral laissé par le défunt.
C’est après cette concertation que les kom et les titâ-fon mobilisent auprès d’eux, le prince choisi sous le regard vigilant des Ponmafom. Cette restriction n’est pas ouverte à tout le monde. Et c’est devant tout le peuple Bomoun et les visiteurs que la suite des cérémonies se déroule
Le moment de connaitre le nouveau roi
Alors qu’il a été choisi et approuvé dans la nuit par les ancêtres, à l’insu de tous, le nouveaux roi n’est dévoilé et présenté au grand public que le lendemain. Et c’est accompagné d’un nouveau momafon nshüt (conseillé spécial) qu’il fait son apparition à la cour d’apparat.
L’apparition du prince dans la peau du roi
Dans une tenue spéciale, constituée de mbupuot (piper umbelltum sur lesquels sont piquées les plumes de touraco) sur la tête et Mompu’ ou mompu’ngu (tunique du pays) sur le corps, le roi apparait devant sa communauté. C’est dont en ce moment que Foumban et ses communautés accueillent et acclament leur nouveaux sultan. Celui-ci tient à sa main droite le Nkumbâ (la canne sacrée du pays) et de l’autre côté du bras, au bras gauche est accrochée un mompa ngu (le sac sacré du pays).
La prestation de serment et l’installation du roi
A la suite du roi, s’en suivent tous les kom, ponmafon, nji- fonfon, les deux tita- nfon et manshÜt Tupanka. Et devant lui, avance le Nji Monchare (porte paroles des kom), qui le fait assoir sur le wuo ngu (pierre du pays), puis le relève et soulève sa main droite en reprenant la formule sacrée « Pa mom mfon pa Mom pua » (Peuple bamoun, voici le roi des Bamoun).
Le nouveau monarque est alors installé sur le Mandu’- Yénu (le trône royal) et reçoit solennellement et localement le nuo kuebhe (les actes d’allégeance) par les kom au nom de tout le peuple bamoun. Et au nom de la grande famille royale, les ponmafon défilent devant lui pour marquer leur approbation, leur obéissance et leur soumission au nouveau roi. Celui- ci se présente et s’adresse à son peuple en guise de prestation de serment.
Lire aussi: « Le royaume Bamoun et le rôle capital de la notabilité dans les obsèques du roi »
Cet article est écrit par moi-même Olivier Charly Moukodi (Blogueur culturel / Critique d’Art) avec la contribution de Ndoung Ibrahim Youssef (Expert en diversité culturelle, paix et coopération internationale), Njifon Sahadou Badroudine (Passionné des cultures camerounaises) et le Dr Youssouf N’KA (Momafon Nji Mfône) à travers son manuel intitulé « Rôle des Kom et Ponmafon dans la gestion et l’organisation coutumière du Roi ainsi qu’au processus d’intronisation du nouveau ».
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