Idilè, le malheur des actes irréfléchis – Première Partie
Eya ooooooooh! Mamami eeeeeeeh ! (3fois)
C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, ne faisait que ça…
C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, n’a fait que ça…
C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, n’a pu faire que ça…
C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, ne faisait que crier…
C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, ne faisait que pleurer…
C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, n’a fait que pleurer, pleurer l’être cher qu’il envoya dans le sillage des ténèbres…
C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, n’a cessé de regretter son acte.
« Idilè », qui était Idilè?
Idilè était un petit oiseau de la forêt de Bonabweny. Il habitait à l’aube du village avec sa vieille mère. C’était aux temps où le soleil et la lune étaient encore de bons amis et vivaient ensemble. Aux temps où les étoiles se discutaient qui habiterait plus proche de la splendide lune. C’était aux temps où la lune et le soleil se discutèrent le règne du temps. C’était aux temps où le soleil et la lune se partagèrent le temps de règne et s’y relayèrent de manière monotone mais régulière. Le soleil le jour et la lune, la nuit.
Idilè et sa mère
Idilè et sa vieille mère étaient toujours ensemble après les champs. Bras dessus-bras dessous. Leur vie créa plus d’un jaloux dans le village. Cette mère était tout pour lui. Elle lui préparait de bons plats appétissants et nourrissants de la cuisine africaine. Elle lui puisait de l’eau dans la lointaine rivière du village qui coulait à la base d’une très abrupte colline. Pour elle, son enfant était toujours un enfant même après avoir déjà vécu plus de trois centaines de lunes. Idilè était un très bon chasseur. La cuisine de sa mère ne manquait jamais de la viande. Le feu y était toujours allumé.
Ce jour-là où tout arriva, Idilè partit très tôt de la maison. Il prit sa machette et ses lances qu’il avait apprêtées la veille. Il appela ses chiens et partit à pas sûrs vers la forêt profonde. Mais avant de sortir de la maison, il demanda à sa mère de lui préparer ses belembe ramenés des champs la veille.
« A ton retour ce sera prêt, mon fils » lui répondit sa mère, souriante.
Alors,
Aussitôt elle se mit à laver les belembe. Elle les découpa minutieusement, les mit dans la marmite et y pressa de la pulpe de noix de palme cuites. Elle fit un grand feu et y posa la marmite pleine de belembe. Elle éplucha ensuite le macabo rouge et le mit à cuire dans une grande marmite en aluminium sur un deuxième foyer et s’en alla puiser de l’au à la rivière. A son retour tout était bien cuit et n’attendait que les dents pour mourir dans l’estomac.
Idilè avait passé la journée à tournoyer dans la forêt. Il alla et revint plusieurs fois sur les mêmes repères. Il fouilla toute la brousse en vain. Quelle journée ! N’est-elle pas précurseur de malheur ?
Au village sa mère s’inquiétait déjà. Jamais son fils n’avait passé un si long temps dans la forêt.
« Qu’arrive-t-il à mon fils aujourd’hui. Il est six heures trente minutes du soir et il ne revient pas à la maison » dit elle toute anxieuse. Son cœur commença à battre très fort. Et elle s’assit au seuil de leur porte centrale. De temps en temps elle scrutait l’autre bout du village pour apercevoir ne serait-ce que la tête de son fils, mais rien de cela. Après un long moment de silence pendant lequel elle pensa à toutes les mauvaises choses de la terre, elle vit son fils arriver, abattu, fatigué, essoufflé. Elle accourut et lui posa mille questions à la fois : « qu’y a-t-il ? Que t’est-il arrivé ? Où étais-tu, dans quelle brousse ? As-tu rencontré un phacochère ou un gorille ? »
« Non, maman, rien de tout cela. Mais la journée était quand même bizarre. Maman, même pas un râtelier ; pas un seul aboiement de chien même pour taquiner les papillons » répondit-il en s’assoyant sur un banc au seuil de la cuisine.
« Vas directement te laver pendant que j’apprête ta nourriture ». Elle réchauffa juste un peu la marmite des belembe et vint la poser devant le chasseur. Voulant se retourner pour aller chercher la marmite de macabo, elle fut brusquement retenue par le bras ferme de son fils qui gronda aussitôt :
« Maman, avec qui as-tu mangé mes belembe ? Dis-le-moi avant que la colère n’atteigne mes cheveux »
« Mon fils, personne n’a mangé tes légumes. Ils diminuent de volume à la cuisson, les belembe » répondit la mère, étonnée de la réaction de son fils donc la brillance des yeux ne cachait pas la rage qui bouillonnait dans son cœur.
Par Ekum’Ekol’a Ndendé (Conteur émérite, transfuge de nos traditions et amoureux de la transmission intergénérationnelle de connaissances ancestrales.)
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