La lutte traditionnelle chez le peuple sawa, plus qu’un simple combat, un symbole fort pour les valeurs culturelles et traditionnelles
À l’époque de nos grands-parents, la lutte traditionnelle (ɓesua) était un moyen traditionnel et conventionnel pour définir le plus fort du village entre les cantons, non pas par sa capacité à consommer la drogue ou à mépriser tout le village, mais par les règles de nos traditions.
Lutte traditionnelle bon a savoir
La lutte traditionnelle comment son nom l’indique, est un duel entre deux personnes physiquement alourdies défendant l’honneur d’un village, d’un clan ou d’un canton: cas de la lutte traditionnelle dans la société Sawa au Cameroun. Elle fait partie de la forte manifestation du symbole des éléments culturels chez les peuples côtiers.
L’histoire de la lutte traditionnelle chez le peuple sawa est littéralement marquée par l’épopée de l’époque de Malobè et Ngominga sur les berges du Wouri à Njouki, un village du canton Bakoko Moungo à Dibombari.
Comment se pratique la lutte traditionnelle chez les peuples Sawas?
Jadis, Chaque village ou canton avait son champion qui défendait l’honneur de celui-ci. La lutte traditionnelle mettait donc aux prises les champions de deux villages ou de deux cantons afin de déceler le plus fort et taire les querelles préexistantes.
Le jour de la lutte, au moins une heure avant le début, le tam-tam ondin résonnait et invitait tous les villageois des villages à l’honneur et des environs à un recueillement au lieu fatidique.
Après quelques minutes seulement le champ de bataille était inondé. Ça et là, les chansons d’encouragement, des animations diverses tout peut se faire entendre. Chacun, guettant de gauche à droite, nul ne souhaite manquer l’entrée spectaculaire des champions. Un long moment de suspense.
Après ce long moment d’animation culturel les ngum (champions) sortent enfin de leurs tanières vêtus de morceaux de pagnes aux fesses. À leurs apparitions respectives, ils font violemment trembler les pectoraux en faisant le tour du ring et saluant le public sorti massivement.
Pendant ce temps, les coachs leur tapent des fibres de feuilles de bananier sur les jambes et sur le dos, afin de les exciter à plus de courage et de force. Et ceux-ci dans une agitation cadencée, multiplient les exhibitions. Ce moment est bien organisé et se fait à tour de rôle pour les deux champions.
Cette étape franchie, le tam-tam résonne encore pour inviter les deux champions sur le ring. Ce cercle de sable fin entouré et tracé par les feuilles mortes de bananiers auxquelles s’ajoutent les tundas, les fougères et d’autres artifices folkloriques. Ils sont salués et encouragés par des acclamations. Et sous l’arbitrage d’un ancien ngum, ils passent au contrôle et engagent alors la première partie.
Chacun essaie de renverser l’autre. Si les deux hommes tombent, on dit que le jeu est nul. L’arbitrage interrompt la partie et les coachs font encore leurs apparitions pour galvaniser et exciter d’avantages leurs champions à plus d’ardeur et de courage. Ceux-ci font encore trembler leurs muscles puis s’invitent à nouveau sur le ring pour le second round.
Le principe de la lutte traditionnelle chez les sawa
En effet, le principe est simple. Un ngum (champion) doit mettre le dos de son adversaire au sol sans sortir sur cercle. Les coups de poing et les coups de pieds sont prohibés. Au cas où le dos ou les genoux d’un des deux champions touchent le sol, il est vaincu. Celui qui est déclaré vainqueur bondit de joie et est porté en liesse par les siens.
Et dans une course saccadée, le vainqueur se dirige vers la tribune des chefs pour recevoir des bénédictions et félicitations. Ceux-ci des coups de chasse-mouche sur les épaules, le saluent en signe de reconnaissance et d’appréciation. Et de retour sur le ring, l’arbitre soulève sa main droite. C’est ainsi qu’on définit et proclame le gagnant.
Pendant ce temps, dans la foulée, moqueries pour certains et acclamations pour d’autres se mêlent aux cris pour narguer le vaincu et féliciter le vainqueur. Tout le monde clame le champion. Sans rancune, les deux lutteurs s’embrassent fraternellement et amicalement. C’est la joie au village, le plus fort est désormais connu. Les vers de matango se dégustent avec de la bonne kola (mabanga). Waaaah la vie au village!
Cependant, au-delà de son aspect traditionnel et folklorique, il faut noter que la lutte traditionnelle revêt d’autres aspects artistique, sportif et socio-professionnel qu’il faut penser à encadrer.
Olivier Charly (+237) 691347589
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