«Nema» : un film ethnologique camerounais pour la connaissance de la culture sawa et ses richesses
«Nema» ou «Amen», la messe est dite. Un propos introductif servant de présentation dresse d’emblée le décor. Tandis que les élements traditionnels tels que le feu, le daŋgɛ, la pirogue, les chansons folkloriques, l’eau, les incantations plongent les cinéphiles dans le quotidien socio- culturel et traditionnel du peuple sawa.
Parti d’un travail anthropologie qui a convergé vers un film, “Nema” le film de 82 minutes qui visite les pratiques traditionnelles chez les peuple de l’eau voit le jour. Il s’agit en effet, d’une fiction/ experimentale réalisée entre 2020 et 2021 par Augustine Moukodi, réalisatrice, scénariste et productrice camerounaise originaire du Littoral.
“Nema” en jargon biblique “Amen”, raconte l’épopée d’un village situé dans la région du Littoral. Une communauté dont le rêve du chef et ses prédécesseurs a toujours été d’instaurer les enseignements qui baptisent les hommes et des femmes capables de devenir des transmetteurs afin d’éduquer les générations futures dans la pratique des us et coutumes.
Ce film tourné intégralement au Cameroun notamment à Dibombari, Bona Anja (Singa Bonjo) et Lendi est à la fois un travail de formation et de restitution. Il trempe les cinéphiles dans les pratiques spirituelles, et leur fait visiter les sites et autres lieux touristico- culturels qui ont servi de duvant pour l’histoire de la culture sawa.
La réalisation use des rituels réels, tournés avec les artifices réels par des personnes réelles, et autres éléments traditionnels tout aussi réels, dirigés par des prêtres traditions sawa (s). Lesquels ont connu l’onction des chefs et autorités traditionnelles sawa (s) pour leurs manipulations.
« Nema » nous situe donc dans une époque contemporaine et s’investit dans la dénonciation des déviances, dérives et toutes pratiques destructives faites par la jeunesse sur les traditions. Le but étant d’interpeller celle- ci sur les aspects profanatoires et du caractère sacré de ces rites et coutumes.
Cependant, le film respecte le coté sacré de la tradition, car il est resté focalisé sur l’aspect visuel, en gardant secret l’aspect spirituel car : il faut “Être proche des traditions et s’en approprier sans toutefois les désacraliser” déclare la réalisatrice.
Et pour l’equipe de réalisation, “il était question d’opposer la tradition à la religion, démontrer le déracinement de certaines personnes à la culture, notamment la jeunesse dont la culture des autres a réussi à faire abandonner la leur” affirme le metteur en scène Jonas Embom. Augustine Moukodi et Racines Mboa, la structure qui a produit ce chef d’oeuvre, essaient alors d’établir la correlation entre la tradition et la religion.
Et sous l’égide des hommes et femmes de terrain “Nema” a connu la participation technique des costumiers tels que: Moukoko Marcel et Sandrine Ellong. Une belle composition mélodieuse et des sonorités musicales composées d’instruments modernes et traditionnels de Djengue Yves sur les génériques, Kwame Naimro à l’arrangement, Idriss Ndjanda à la composition et Ewanè Moulobi, auteur.
Avec une touche du plasticien Samuel Pensée Kwédi (SPK) à la décoration. Un décor constitué d’objets d’art, des masques authentiques duala(s) retrouvés au musée de Dibombari. Ce qui a d’ailleurs permis de découvrir l’existence des masques chez les sawa(s) et aussi de remonter à quelques uns des fabricants de ceux- ci.
“Nema” est un film contemporain intéressant qui n’a pas manqué d’attirer l’attention. D’ailleurs, aussitôt, il est retenu au festival ethnologique d’Allemangne, où il a permis au organisateurs de mettre sur pieds des collogues sur la culture sawa.
Olivier Charly / +(237) 691347589
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