« ZEN», le périple d’un chemin du vivre ensemble inconnu – La Cie Ondoa L’Afrikain
Du conte autrement en restitution à Douala. Après plusieurs mois de réflexion, de dur labeur et de travail spirituel, la compagnie Ondoa L’Afrikain & Hibou- Tottem – Prod ont restitué les résultats de leur création « ZEN, le Chemin », ce 22 janvier 2022.
C’est le centre culturel et d’hébergement DJLO, dans l’arrondissement de Douala 5e, au lieu-dit fin goudron Banguè (Bonamoussadi), qui a servi de scène ce samedi pour la restitution de ce conte dont le thème principal est circonscrit autour du « Vivre ensemble ». Pour son auteur, l’histoire lui est venue de ses folies d’imaginations il y’a de cela une vingtaine d’année.
La petite histoire d’un vivre ensemble inconnu
ZEN est un conte de groupe très émouvant qui invite à la corrélation, à la collaboration, à la cohabitation et à considération du prochain. Cette éponyme tire son origine de la langue Ewondo et signifie en langue de Molière « Le chemin ».
Il raconte l’histoire de trois personnes venues d’horizons diverses et destinées à faire chemin ensemble. Il s’agit notamment d’une jeune fille métisse abandonnée dans un grand carrefour, laquelle est rejoint par un homme et une femme. Les trois ne se connaissent pas mais doivent faire face aux différents périples d’un chemin commun.
L’histoire d’un chemin envoûté par un gorille totem violeur de femme
Alors que tout était réunir pour qu’ils cheminent ensemble, une situation inattendue fit que chacun se retrouve seul sur son chemin. Et après des longs chemins bravés chacun de son coté, ils se retrouvent à nouveau. Et pendant qu’ils marchaient, les trois compagnons se font attaqués par un gorille. Pas des moindres, mais un gorille totem violeur de femme, vivant dans le coin et qui avait décidé de s’en prendre à la femme. Alors, pour sauver ses compagnes de chemin, l’homme demanda au gorille de se mesurer à lui et laisser les femmes de côté. C’est ainsi que commença un combat entre la bête et l’homme. Tandannnnn!
Cette bagarre prit une forte ampleur et l’homme est évincé. Le gorille décide donc de se retourner vers la femme. Mais hélas, malchance pour lui! Pendant que les deux mals s’exhibaient, la femme avait eu le temps de retirer de ses provisions, sa poudre de kankan (piment) qu’elle a aussitôt jeté dans le visage de la bête. Ayayaiiiiiii… histoire….
La victoire d’une pensée collective
Sous le son des balafons, des tambours et des voix conquérantes, la victoire est humaine et collective, et le gorille mis hors état de nuire se mis à crier « Homme, homme, hoommme… ta femme t’a sauvé… ».
Alors resté au coma, l’homme se fit réanimer par des techniques de bouche à bouche faites par la femme, mais proposées par la jeune fille. Ce qui signifie que tout « HOMME » quelque soit son statut ou son pouvoir, a toujours besoin de son prochain, même le plus vulnérable pour son épanouissement. C’est en effet le message qui s’en dégage.
Le reste du chemin sur l’influence des traditions
Le couple repris alors chemin jusqu’à dans la cour royal du village où une grande fête traditionnelle battait son plein. Mais, intrigué et indigné par la présence étrangère et surtout de la jeune métisse mineure, le roi cria à une profanation. Il réitère ainsi son engagement à toujours veiller au respect des rites et traditions. C‘est donc en moment que le conte nous invite à marquer un temps d’arrêt et à re- miroiter au plus profond, les tréfonds des cultures et traditions africaines.
Un conte à la coloration théâtrale, une touche originale
Cette pièce est jouée par un groupe de trois personnes, notamment L’Afrikain Ondoa qui était accompagné sur scène par Eymard Basson (le balafoniste) et Idriss Ndjanda (l’accessoiriste).
Tout s’est fait sur un décor naturellement dépouillé sans artifices, ni effets. Le jeu des acteurs était seul éléments captivant de cette pièce. Et ceux-ci par leurs interventions appréciables, avaient réussi à mettre le public dans le bain de leur charme. Et sur les visages, tous se voyaient souriants et réceptifs.
Contrairement à ce dont on a l’habitude de vivre en conte, c’est-à-dire un conteur tenant à sa main un instrument folklorique quelconque ou un métronome. Sur une courbe rythmique, raconte une histoire vécue au non. Aujourd’hui nous avons eu droit à quelque chose de plus original et de plus diffèrent.
En effet, le balafoniste et l’accessoiriste qui jouent habituellement en back office, cette fois faisaient partie intégrante du conte. Ils ont su combler les insuffisances visuelles en incarnant assez bien leurs rôles malgré l’hésitation qui se faisait ressentis dans leurs jeux. Dans le schéma, ils faisaient des entrées et des sorties bien justifiés en temps et espaces.
ZEN et les thèmes visités
ZEN, le Chemin aborde plusieurs thèmes tels que la religion, le voyage, le vivre ensemble, la barbarie, la sauvagerie, le viol, l’égoïsme, les échecs de la vie et ses manquements etc… Et d’un premier œil, le texte est truffé d’expressions et des scènes tabous et choquantes que l’artiste hésitait à prononcer. Ce qui lui donnerait l’impression d’appartenir à un public adulte. Mais en réalité il n’existe pas de conte pour enfants, ni de conte pour adulte.
Ondoa qui d’ailleurs s’inscrit dans la logique de l’humanité fraternelle, essaie d’adapter le conte à tout public sans toutefois dépraver les bonnes mœurs.
Et pour quelles fins ?
En réalité d’après moi, ce conte a pour but d’éduquer et surtout d’inviter à une réflexion sur comment construire un monde meilleur avec nos meilleurs comportements. Et avec des situations de guerre que nous vivons à travers les monde et particulièrement dans les régions NOSO du Cameroun, le conte » ZEN, le Chemin » s’inscrit dans le contexte de préservation de la paix et la construction d’une fraternité forte pour un pays unis, sans haine, ni tabou.
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