L’art politique au service de la paix et de la sécurité dans le Sahel
La question de la sécurité et de la paix dans le Sahel est de plus en plus préoccupante. Il se pose dès lors le problème de la capacité des africains notamment les Tchadiens à prendre en charge leur propre sécurité et celui de l’importance du déploiement de l’instrument militaire français dans les Etats de la région.
Les avis au cours de l’émission Triptyque ne font pas l’unanimité au sujet de cette alliance Franco- tchadienne. Selon Michel Goya (spécialiste de la guerre moderne, de l’innovation militaire et du comportement au combat, colonel des troupes marines), le Tchad est le pays où le plus de soldats français sont tombés depuis l’indépendance. Il est également géographiquement le seul propice à ladite alliance dans la lutte contre le djihadisme. Aussi, militairement, il présente une certaine stabilité. Cependant, pour ajouter de l’eau à son moulin, Dr Niagalé Bagayoko (Présidente du réseau African Security Sector NetworK), souligne le rôle majeur de l’Etat Tchadien depuis plusieurs années dans la gestion des crises dans le sahel et sur son territoire, notamment sur l’opération serval en 2013. Il y’a donc lieu de reconnaitre que Idriss Deby Itno, en plus d’un grand guerrier, était également un fin stratège.
L’art politique sahélien tel qu’il est conçu, présente des difficultés. Plusieurs observateurs se demandent pour quels objectifs politiques l’instrument militaire est utilisé. Au Tchad par exemple, la problématique la plus épineuse aujourd’hui reste le côté sécuritaire, notamment la lutte contre les Djihadistes. Le manque de professionnalisme de certains soldats tchadiens s’est également illustré par des comportements inhumains. On les accuse d’avoir violé des civils et des femmes enceintes sur le regard impuissant de leurs maris. Ce non-respect de règles professionnelles sur le terrain, fait du Tchad un allié fragile de la France dans son engagement au Sahel. Par ailleurs, la situation intérieure du Tchad présente un grand risque de déstabilisation interne. C’est pourquoi il est important de rester figé sur ce qui va se produire au Tchad dans les années à venir.
Mais cela ne saurait nullement justifier la prépondérance de la France dans la politique militaire de cet Etat. Dans ce pays, la France est en train de sacrifier son soft power au profit du hard power, c’est-à-dire l’utilisation de la force militaire qui n’est pas connectée aux besoins des réformes politiques. En réalité l’idéal est de penser aux populations tchadiennes et aux régimes politiques auxquels elles ont appartenu depuis des décennies. La France devrait donc s’assurer de sa capacité à mettre en place une approche de réelle politique et une approche plus normative consistant à promouvoir des valeurs. Son rôle n’est pas de diriger les Etats sahéliens, mais plutôt d’exercer une pression sur les différents groupes Djiadistes, le temps pour les forces de sécurité locales de s’assurer elles-mêmes.
Après le décès de Idriss Deby et l’instauration du Conseil militaire de transition au Tchad, l’Union africaine a exigé un retour immédiat à l’ordre constitutionnel en plaçant à la tête de la transition le président de l’Assemblé national. Mais le rapport de la commission d’enquête sur le décès du président exige de conserver les militaires au pouvoir et d’associer les civils. Il y’a donc lieu de s’interroger sur le rôle des puissances internationales notamment la France.
Et même s’il est vrai que l’Afrique n’a pas assez de moyens d’action pour exercer sa pression, une telle initiative prouve tant bien que mal, la capacité des institutions africaines à pouvoir se satisfaire elles-mêmes. Mais nous pensons avec le Général Dominique Trinquand (ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU) que, la sécurité des Etats sahéliens dépend de la volonté des autorités locales et du G5 sahel. La présence des forces militaires Françaises en Afrique n’étant que manifestation d’une autorité morale.
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