Le royaume Bamoun et le rôle sacré de la notabilité dans les obsèques du roi
Il est évident qu’à la suite du décès de toute personnes, soient organisés des obsèques dignes à la juste valeur de la mémoire regrettée. Le royaume Bamoun a su en effet assoir une politique d’inclusion faisant siéger au palais des institutions dont certaines sont héréditaires et d’autres nominatives. C’est le cas des notables (kom et Ponmafon) qui jouent un rôle capital dans la gestion des obsèques du roi.
Une bonne organisation, résultant d’une culture de l’amour profond et du développement participatif a permis à ce qu’il soit reconnue aux obsèques du roi une double dimension coutumière et folklorique.
Sa dimension coutumière réside dans l’inhumation de la dépouille. En effet, depuis le fondement du royaume Bamoun, il était réservé aux Kom, la charge de porter la dépouille et celle de la conduire dans le mgbètnja (cimetière royal). Mais avec l’avènement de l’islam, désormais, celui qui doit toucher la dépouille du roi doit être parmi ses proches notables. Et doit avoir fait ses ablutions et de préférence ne doit pas s’être accouplé avec son épouse avant les rituels.
La dimension Folklorique quant à elle repose sur la manière dont les obsèques du roi sont célébrées au sein de sa communauté. Cet évènement concerne tous les bamouns et chacun est libre de se déployer comme il veut. A condition que les lois coutumières ne soient pas profanées et que les fils et filles bamouns restent soudés par le culte de solidarité et d’union mun gbu mun ya (si l’un tombe l’autre passera-t-il, sans le relever ?).
L’annonce du départ du roi
Lors que le roi retourne d’où il vient « Mfon yem me » sa disparition est annoncée par son nguon (société sécrété). Et pour des raisons de participation inclusive, les Kom et les ponmafon sont assistés dans cette annonce officielle du trépas par le Nji- Fonfon (Premier ministre du palais royal) et les deux tita- mfon (Ministres conseillers politique du roi). Mais c’est au Nji Monchare (porte-parole des kom) que revient la charge d’annoncer le deuil. Celui- ci le fait en manifestant un chagrin qui déclenche aussitôt les pleurs et lamentations au sein la communauté.
La cérémonie de Puere Mfon
Les deux conseils (kom et ponmafon) se retirent alors secrètement et vont calmer la dépouille du monarque avec le mbuere. Cette étape n’admet que quelques membres des deux conseils afin de permettre de posséder à la cérémonie de puere Mfon (Une espèce d’anéantissement du pouvoir du roi à travers des potions sécrètes).
Et en ce moment n’entre dans me Nda Wam (chambre du roi) que le Nji Monchare, le Njinsom et le Njiamfa du côté des Kom, le momafon nji ndam, Momafon Nji Mouliom et le Momafon Njihkam du côté des ponmafon.
Une fois, le mbuere restreint consommé, les kom et les ponmafon, à travers le Nji Monchare demandent à ce qu’un autre soit préparé pour tout monde. Ceci, afin que d’autres chefs de lignage soient servis.
kom et de ponmafon dans leur rôle, magnifient le royaume
Le rôle des kom et de ponmafon est alors capital dans cet évènement à la fois patrimonial et historique. Et cette forte participation de ces institutions à travers leurs différents pôles d’assises magnifie la fondation du royaume Bamoun avec inclusion de tous. Celle-ci participe également à la célébration de la restauration de la dynastie de Nchare Yen (reprise de chose par la famille royale).
Lire aussi: » Le processus d’intronisation du roi en pays Bamoun, une ressource sacrée »
Remerciement:
Cet article est écrit par moi-même Olivier Charly Moukodi (Blogueur culturel / Critique d’Art) avec la contribution de Ndoung Ibrahim Youssef (Expert en diversité culturelle, paix et coopération internationale), Njifon Sahadou Badroudine (Passionné des cultures camerounaises) et le Dr Youssouf N’KA (Momafon Nji Mfône) à travers son manuel intitulé « Rôle des Kom et Ponmafon dans la gestion et l’organisation coutumière du Roi ainsi qu’au processus d’intronisation du nouveau ».
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