LES RITES DE VEUVAGE AU CAMEROUN,UNE VÉRITABLE SCÈNE DE FORMATION POUR LA FEMME
Quand je me suis déplacé pour assister une tata dans les cérémonies de veuvage à Yapaki – BAKOKO, un village du l’arrondissement de Dibombari à quelques mètres seulement de Douala, j’ai été stupéfait par les pratiques des rites de veuvage chez les BANTOU. Au Cameroun pour rendre hommage à son mari la femme vie un véritable calvaire.
Le mari est décédé comment faire ?
Au Cameroun, lorsque l’homme décède, dès le premier jour, toute la famille est alertée et convoquée pour décider des mesures pratiques de conservation du Corps. En suite s’en suivent et se multiplient des réunions de familles à fin de préparer et d’organiser les obsèques. Des que cette étape est terminée, 5 jours après, une sorte de cérémonie de funérailles est organisé dans le but de faire les sacrifices « Salaka ».
Par ailleurs, les rites de veuvages commencent effectivement 9 jours après l’enterrement par la traversée de la barrière (qui consiste à traverser la tombe) et la pose de la croix sur la tombe du défunt. Cette première étape est très importante car c’est de la que débute réellement ce processus qui conduit directement au dressage de la liste.
La liste de la veuve
En estimant que tout au long du parcours professionnel du défunt, son dû était destiné à nourrir et à entretenir son épouse, les sœurs (les ngôns) du défunt trouvent en cette période, un moment idoine pour que la femme rembourse tout ce qu’elle a mangé pendant toute la période de travail de leurs frères. Ainsi elles dressent à son intention une vaste liste de nourriture et de boisson qu’elle devra leurs remettre en guise de remboursement. Laquelle est composé entre autres de NOURRITURE ( Ignams, Miondo, Plantain, Poisson grosse pièce, Viande …, BOISSONS ( vin rouge, vin de palme, surtout de la bière locale etc) Et une enveloppe qui est fonction de statut qu’occupait le mari et de l’emploi qu’il exerçait avant son trépas.
Ce qui se passe si elle accepte ou si elle refuse.
Notons d’abord qu’il y’a possibilité de discuter cette liste. Cependant, deux hypothèses sont souvent observées : soit la veuve valide la liste, soit elle la réfute.
En cas de rejet, tout est annulé la veuve ne passera pas de rites de veuvage, et ne sera pas considérée comme veuve du point de vue traditionnel.
Mais en cas d’acceptation, la veuve sera soumise à ces séances de formation rituelles et doit donner les éléments de la liste préétablie. En retour elle recevra de ses belles sœurs, une tenus complète c’est-à-dire Kaba, babouche, foulard, sous-vêtements, drap complet et accessoire, tous de couleur « BLEUE OU NOIRE » cet accoutrement est utilisé après son lavage.
Les rites proprement dits
Vêtement et accessoires bleue ou noirs apprêtés, la future « Madame veuve » est conduite au marigot pour des pratiques rituelles, une grande équipe de « Ngôn » emprunt à une animation capitale, chants, intrigues et autres. Nous voici sur le chemin du marigot. Pour embellir les cérémonies, l’équipe emporte avec elle, une bouteille de Whisky (fôfô), un « Gros » met de pistache qui sera éparpillé dans tous les coins du marigot, question de demander l’assistance des enceintes.
Pendant ces cérémonies, une « bouteille vide » est lancée en Amont du marigot pour le test de la veuve, si la bouche de la bouteille est orientée vers le ciel, cela est un bon signe. Mais si la bouteille est inversée, là c’est grave cela signifie que la veuve connait parfaitement l’origine du départ de son Mari.
La cérémonie des feuilles brulées, QU’EST-CE QUE C’EST ?
Apres les cérémonies rituelles qui ont lieu au marigot, la veuve est ramenée au village pour la suite des rites qui consistent à réunir les feuilles d’arbres mortes, les bruler et faire passer la veuve au-dessus pendant 9 fois. C’est alors suite à cette étape que « madame Veuve », est conduite dans sa chambre où elle restera pendant 3 mois avec strict interdiction de sortir de la maison.
Ce qui se passera après les 3 mois
A l’issu des trois mois dont, le dimanche suivant la fin de son internat, la veuve est conduite au marché pour effectuer un ramassage gratuit auprès des commerçant qui, sans poser de question doivent remplir son panier. Et c’est finalement devant un curé que les cérémonies prendront fin et là, OUFFF !! La veuve est laissée en liberté durant la période qui la conviendra. Et lorsqu’elle décidera de mettre fin à son veuvage, elle devrait cette fois ci donné la nourriture à ces beaux-frères. Ainsi fait, elle est libre de commencer une nouvelle vie. Waouuu en fin!
L’inspiration de ce billet provient d’un fait réel vécu dans les villages Sawa du Mongo avec quelques sources orales des villages Douala et d’ailleurs. Cependant quelques convergences sont à noter dans les rites telles que pratiquées par d’autres affiliations ethniques Camerounaises que vous pouvez compléter en commentaires.
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