Idilè, le malheur des actes irréfléchis – Deuxième partie
Il était une fois, dans une forêt de Bonabweny, vivaient un petit oiseau nommé Idilè et sa mère. Ceux-ci vivaient en parfaite harmonie. Et un jour pendant qu’il sortait, dilè avait ordonné à sa mère de lui préparer ses belembè (feuilles (jeunes pousses) de macabo mangées comme légumes) qu’il avait ramené de la forêt. Malheureusement les bélembes avaient diminué lors de la préparation. Cette situation avait alors mis Idilè dans une colère sans merci. Pour lui, sa mère avait mangé ses bélèmbe avec un inconnu.
A lire dans Idilé, le malheur des actes irréfléchis – Première partie
Et alors que sa maman essayait de lui expliquer ce qui s’était passé avec les belembes, celui-ci s’insurgera contre elle et lui répondit :
« Tu vas me dire où sont partis mes légumes, tout un panier de légumes ? » dit-il en lâchant sa mère qui ne comprenait rien du tout. Il fonça dans la cuisine et ressortit avec une lance serrée à sa main droite. Il empoigna sa mère de la main gauche et la somma vertement de lui dire avec qui elle a mangé les légumes. Même la peur qui faisait trembler sa mère comme une feuille de bananier sous le vent ne baissait pas sa colère. Et d’un coup puissant et sec, il planta la pointe tranchante dans la poitrine de sa vieille mère qui s’écroula en lui disant :
« Mon fils, les belembe diminuent de volume à la cuisson. Pourquoi as-tu fait… ». Elle ne pût terminer sa phrase, le souffle s’arrêta.
Idilè l’enterra derrière la case et alla se coucher.
Des jours passèrent, des nuits aussi. Les mois se succédèrent. Idilè puisait désormais son eau lui-même. Il faisait ses champs seul. Il préparait sa nourriture tout seul.
Un jour il ramena des champs un grand panier de légumes. Il les lava, les découpa et les mit à cuire. De temps en temps il ouvrait la marmite, et chaque fois le volume des légumes baissait. A la cuisson il ne restait plus qu’une petite, alors une très petite quantité de belembe dans la marmite. Pris de colère Idilè botta la marmite de légumes qui survola la maison et tomba sur la tombe de sa mère et il poussa un long et perçant cri :
Eya ooooooooh, mamami eeeeeeeeeeeeeeeh ! Il prit la pelle dans la maison. Ouvrit la tombe de sa mère et n’y trouva plus rien. Il repoussa son cri. Et il s’envola loin, loin dans les cimes des grands arbres.
Depuis ce jour Idilè n’a cessé de crier… Depuis ce jour-là, Idilè n’a cessé de pleurer, pleurer l’être cher qu’il envoya dans le sillage des ténèbres. Depuis ce jour-là Idilè n’a cessé de regretter son acte. Il s’envola donc dans les arbres à la recherche sa mère qu’il n’a pas retrouvée dans la tombe. On l’entend jusqu’aujourd’hui crier au loin, dans les arbres de la forêt de Bonabweny…
- Eya ooooooooooooooooooh, mamami eeeeeeeeeeeeeeeeeeh !
- Eya ooooooooooooooooooh, mamami eeeeeeeeeeeeeeeeeeh !
- Eya ooooooooooooooooooh, mamami eeeeeeeeeeeeeeeeeeh !
- C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, ne faisait que ça…
- C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, n’a fait que ça…
- C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, na pu faire que ça…
- C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, ne faisait que crier…
- C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, ne faisait que pleurer…
- C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour là, n’a fait que pleurer, pleurer l’être cher qu’il envoya dans l’au-delà…
C’est le cri de l’oiseau qui, depuis ce jour-là, n’a cessé de regretter son acte.
Par Ekum’Ekol’a Ndendé (Conteur émérite, transfuge de nos traditions et amoureux de la transmission intergénérationnelle de connaissances ancestrales.)
1 commentaire
Tres beau conte.