Conte Camerounais: Idilè et le trésor
Une fois, comme le dit la légende, une grande disette s’abattit sur un village de la grande forêt des pongo.
Dans ce village le roi avait l’habitude d’organiser de grandes fêtes qui duraient des lunes entières. Ils organisaient de grandes fêtes où tous les villageois vivaient une opulence totale. Chacun mangeait à sa faim et buvait à sa soif. L’on ne rentrait dans sa maison que pour dormir quelques temps et revenir au lieu des agapes. Et le temps passait. Et les gens dépendaient complètement du roi.
Dans ce village vivait un jeune enfant très sage. Il vivait avec sa mère, sa vieille mère. Il était tellement sage que chaque fois que le roi organisait la fête, lui, il transportait toujours les restes de nourriture à la maison. Et cette réserve les aidait pendant des semaines jusqu’à la prochaine fête.
Idilè et sa mère n’étaient jamais présents lorsque les autres habitants venaient quémander à manger chez lui lorsqu’il n’y avait pas bombance à la cour royale. Et le roi l’avait remarqué. Et un jour Idilè le lui expliqua quand il le convoqua pour lui en poser quelques questions. Alors le roi résolut de mettre tout le village en épreuve.
Idilè et le trésor
Cette fois le roi organisa une grande rencontre. Tous les villageois répondirent présents. Idilè et sa mère aussi. Le roi annonça à la communauté qu’il y a un trésor enfuit dans leur forêt. Il leur dit qu’une petite quantité de ce trésor cherchée pendant quelques semaines seulement pouvait les aider à devenir très riches et puissants.
Il leur distribua donc des pelles des houes, des machettes, des pioches, des limes, des paniers, des calebasses et gobelets. Chacun en a eu. Il leur dit que chacun transpirera à grosses gouttes, alors il faudra préparer de l’eau. Il leur distribua les provisions pour la durée de la recherche du trésor et ils se donnèrent rendez-vous dans trois lunes à la cour royale pour la fête de leur retour.
Toute la population se rua dans la brousse. Pendant des lunes ils creusèrent, ils retournèrent la terre aux pieds des arbres, aux bords des rivières, dans des marécages, dans les plaines et les savanes. Et le temps passa.
Idilè dit à sa mère ce jour dès leur retour de la cour royale : « Mère le roi n’est pas un fou. C’est un homme très intelligent. Réfléchissons bien avant de nous lancer à la recherche du trésor ».
Et ils se mirent à réfléchir sur l’utilisation de chaque matériel à eux donné par le roi. Et au bout de quelques jours, Idilè se leva le matin pris leurs deux machettes, les lima bien tranchantes. Il entra dans un bout de la forêt avec sa mère. Ils se mirent à défricher et couper les arbres.
Contrairement aux autres, ils travaillaient en se reposant au maximum pour réserver les énergies et chaque nuit ils rentraient dormir dans leur maison.
Au bout de la première lune, ils abattirent plus d’un hectare de forêt. Ils furent abandonnés à ce coin de la forêt par les autres. Ils prirent quelques semaines et avec leurs houes et pelles ils creusèrent le sol et y semèrent du maïs, des arachides et du concombre. Ils plantèrent du manioc, de la patate, de l’igname et du bananier plantain.
Et la dernière semaine Idilè entoura leur plantation d’une haie de tiges de ndolè et rentra retrouver sa mère qui lui réchauffait de la nourriture réservée au grenier. Et une grande pluie s’abattit dans le village.
Et le délai de trois lunes arriva à sa fin. Ce jour-là Idilè regarda les autres gens du village revenir de la forêt assis à côté de sa mère. Et les tams-tams d’appel résonnèrent et tout le monde se rassembla dans la cour royale. Et chacun raconta ses prouesses de chercheur de trésor.
D’aucuns disaient avoir retourné à eux seules toute une colline dans la forêt. D’autres regrettaient la cassure de leur matériel et d’autres en fin la rudesse de cette épreuve qui en fin de compte ne leur donna rien. Ils maudissaient les ancêtres d’avoir menti le roi en lui disant dans les songes qu’il y a un trésor dans la forêt.
Et le roi se retourna vers Idilè et lui demanda : « Et toi donc jeune homme, tu ne dis rien ? Mes messagers m’ont raconté qu’ils voyaient la fumée sortir de votre cuisine tous les soirs et vous voyaient passer, ta mère et toi, tous les matins avec des paniers sur la tête».
Après ces mots idilè se leva salua majestueusement le roi et lui dit devant toute l’assemblée. « Majesté, ma pauvre maman et moi n’avons pas assez de muscles pour retourner les montagnes et vider les rivières comme les autres ici présents. Nous avons limité notre travail à notre capacité. Et nous allons, Majesté, vous montrer ce que nous avons pu faire demain matin. Il faut voir avant tout jugement. »
Toute la population pouffa d’un grand rire quand elle vit l’étendue plane où Idilè expliquait avoir semé l’arachide et les petits pois.
Le roi les félicita et tous rentrèrent au village. Et quelques pluies tombèrent. Et Idilè enlevait les mauvaises herbes. Et ses semences germèrent. Et ses plants grandirent et produisirent. Et les récoltes furent abondantes. Et Idilè apporta tous les produits de leur champ à la cour royale.
Il les partagea avec toute la population. Et les visages blêmis des villageois qui mourraient de famine parce que le roi n’organisait plus les fêtes reprirent le sourire. Et tous les villageois firent comme Idilè et sa mère.
Ils cultivèrent la terre de leurs ancêtres. Et de la terre germèrent diverses cultures. Et les récoltes furent abondantes encore et encore. Et la vie reprit de plus belle dans le village qui était devenu le grenier de la région. Et Idilè qui avait trouvé le vrai trésor fut ennobli.
Le roi équipa son atelier de couture. Et la vie continua.
A lire la suite sur « Idilè et les habits de l’éléphant »
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