« Amen ? » : La pièce de théâtre qui questionne l’éthique religieuse au compto’Art 54
Il y’a des moments tristes, sombres et durs dans la vie où l’homme a besoin de penser et de cogiter sur le monde dans lequel il vit. Et ces moments, on les trouve généralement dans l’art et par ricochet au Compto’ Art 54.
Ce 09 juin 2021, sur le tapis de l’IFC de Douala, la compagnie Ondoa l’afrikain a présenté « Amen? », la pièce de théâtre qui remet en « question » l’éthique religieuse. C’était à l’occasion de la 6e édition du Festival Comptoir 54, tenu du 08 au 12 juin 2021, dans les villes de Douala et Yaoundé, sous le thème: « Réinventer la vie ».
Bref Compto’54
En effet, crée en 2002 par la compagnie théâtrale de Douala (Koz’art), « Comptoir 54 » est cette association qui s’est consacrée dans un premier temps au développement du théâtre et l’écriture dramatique contemporaine. C’est aussi ce festival qui offre des scènes d’expression pour les artistes africains et d’ailleurs. Et également un vaste marché culturel et artistique qui propose des spectacles issus des 54 pays africains.
Réinventer la vie c’est s’adapter à la difficulté
Dans un contexte de crise sanitaire comme celui que nous vivons, où l’art et la culture ont été très impactés, il est capital de repenser la vie. C’est d’ailleurs dans cette démarche que, la Cie Koz’art a décidé de donner la possibilité et la liberté à plusieurs compagnies d’ici et d’ailleurs, de proposer des spectacles, sujets de réflexion à travers le thème « Réinventer la vie ».
Alors, réinventer c’est s’adapter à la difficulté actuelle, c’est aussi proposer de nouvelles opportunités propices au développement des arts vivants et participer à l’éveil de conscience. C’est dans cette dynamique que Tally Mbok, Basson Aymar et Ondoa, ont choisi de loger la présentation de « Amen ? », une performance contée de la compagnie Ondoa l’afrikain brillamment présenté ce mercredi à 20h. Mais, depuis sa présentation à l’institut français de Douala, cette pièce n’a cessé de créer des questionnements dans mon esprit. Moi qui m’étais toujours fait l’idée de la sainteté et la sacralité incontestable de la religion.
L’histoire derrière « Amen? »
En effet, sous les sons de tambours et des balafons, « Amen ? » raconte l’épopée du « pauvre petit Barnabé » âgé de 21 ans. Celui- ci a vu sa fiancée être confiée au couvent de la petit église du village Bomba, pour y recevoir une meilleure éducation. Alors, un jour, après avoir volé un porc épic dans le piège de son frère Amougwa, Barnabé est pris de compassion. Et il décide dès lors d’aller se confesser chez le curé du village. Cependant, il se trouve que la pauvre fille de 17 ans (fiancée), venait de perdre ce qu’elle avait de plus précieux. Violée par ce curé, elle avait vu sa virginité lui être ôtée. Alors, désespérée, la pauvre petite restera sans voix et n’aura que pleurs et lamentations comme compagnons. Sacrilège!
Voila! Et si au moment où vous venez de connaitre ce qui s’est passé, l’on vous invitait à fermer les yeux et décoller par la pensée. Juste le moment de penser à vos filles et à la confiance aveugle qu’on met à nos églises. Vous comprendrez donc pourquoi je me questionne. En fait, je cherche à comprendre pourquoi de telles pratiques se produiraient- elles dans un lieu réputé sacré comme l’église.
Un théâtre plein d’émotions
Entre pleurs et cris, Ondoa a fait revivre au public de d’IFC de Douala, ces moments de déshonneurs en occupant la scène d’une présence forte et sobre. Ainsi, tout au long de sa performance, il a plongé les spectateurs dans une profonde tristesse. Particulièrement, j’étais habité par un double sentiment de haine et la pitié, qui m’a mis en larmes. Le spectacle était alors accompagné par le son doux des musiques traditionnelles, qui offrait une balade vers les cultures bamilékées. Et avec le balafon de Basson Aymar, les sonorités faisaient jaillir les lumières de couleurs verte, route et jaune, qui s’étincelaient dans le fond sombre de la salle. Oui, nous sommes au Cameroun, mon cher pays où, la justice semble être érigée au profit de ceux qui la rendent.
L’enseignement de la pièce
Tous captifs sur le spectacle, l’on remarquait les déplacements de Ondoa, qui allait dans tous les coins de la salle pour distribuer des messages chez les spectateurs. Un geste qui a su faire participer le public à travers des interactions bien accueillis et des applaudissement froid. Preuve que les esprits ont connu un violent choc émotionnel.
Cependant, entre culture et invocation, la pièce est également à apprécier sur le côté mystique et mystérieux des traditions africaines qui invocation de « Kourou- Ngangang ». Cette entité de la paix, de joie et de bonne humeur, qui avait invité tous ceux qui avaient reçu ces poignants messages à les restituer et à les interpréter. Et enfin, sous un décor pauvre et simplisiste illustrant la tristesse et la nostalgie, la pièce telle que présentée par la Cie Ondoa l’afrikain, se voulait interpellatrice des parents, afin de prendre en main, l’éducation de leurs progénitures.
« Amen ? » est alors une œuvre qui appelle à la réflexion et à la pensée profonde sur le poids des péchés des ministres du culte. Elle invite les africains à se questionner sur les fondements et l’éthique de la religion. Honnêtement, ce fut donc un moment de rétrospection pour une réinvention d’une Afrique libre et juste.
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