“Terre de démence” une pièce qui dénonce l’exploitation minière et l’asservissement des ouvriers arabo – africains
La pièce algérienne “Terre de démence” a été mise en représentation ce dimanche 03 décembre 2023, dans la salle Cinéma Théâtre le Rio, en Tunisie. Dans le cadre de la 24e édition des Journées théâtrales de Carthage.
Un fusant blanc soumet des ouvriers mineurs africains aux pires traitements inhumains. L’occident assoiffée de mine pille le monde arabo africain des ses biens matériels, idéologiques et humains. « Terre de démence » est une pièce de théâtre contemporaine produite par le Théâtre régional Ben Dhina Mahfoud Bachar qui joint à la fois le comique et la tragédie.
A la vocation dénonciatrice et revendicatrice des valeurs et considération ainsi que la dignité humaine, « Terre de démence » retrace approximativement la présence coloniale sur les terres arabo- africaines. Elle raconte l’histoire de huit hommes pris au piège dans une mine de charbon en plein désert algérien durant la colonisation française.
Pourquoi “Terre de démence” ? Parce que le metteur en scène Houssine Mokhtar, à travers cette pièce, présente une Afrique aliénée, empreinte à une maltraitance exacerbée avec ses citoyens assujettis à une atroce barbarie, se battant pour trouver une solution pour se libérer de ce nouvel exclavage. Il rappelle également le rôle primordial joué par les arabes et les africains dans la construction de l’Europe. Ainsi que les siècles passés à servir l’égoïsme occidental.
En effet, Houssine Mokhtar a choisi de raconter son intrigue dans une simplicité. Sur un décor dépouillé sans feux ni artifices, constitué majoritairement de ferraille. En l’absence de tout bruit, elle traite met un accent particulier sur un jeu d’acteurs, la danse et musique pour mieux passer son message. D’abord se croirait dans les travaux de construction de chemin de fer pourtant il n’en est pas question.
Tout commence dans un noir obscure évocateur de peur. Ensuite apparaissent des minuscules et légères lumières de lampes torches en arrière- scène. Plutard une lumière jaune projetée sur une caisse à piece invite deux personnage à l’accoutrement des ouvriers subalternes. Lesquels se mettent à monter un échafaudage.
Certains chantent, jouent, sautent, dansent autour de cette l’échafaudage en altitude où sont pêchés d’autres en le secouant. Une scène assez dangereuses, mais renseigne a suffisance sur l’ambiance qui s’évie généralement dans une industrie notamment minière.
Leurs costumes nous situent d’office en Afrique où la misère ouvrière bat son plein. Et ou l’ouvrier africain est traité comme un animal. « Terre de démence », la piece se montre par ailleurs choquante car, met en exergue la déconstruction des valeurs arabes et africaines par les français.
Et au moment où les uns et les autres s’attêlent à la tache, un éboulement ayant conduit au dégrincollage de ces mineurs, vient installer une frayeur sans merci, mettant en relation le noir et ses conditions déplorables de travail. Mais hélas, au lieu de les traiter à leurs justes valeurs, un patron avare et méprisant se met à les réprimander, insulter en remettant en cause leurs efforts. Une situation qui installe chez le public une amertume faisant naître en eux, un goût de vengeance et de révolte.
Ainsi, traitant majoritairement les thèmes tels que le racisme, la colonisation et ses la traite négrière, la trahison, la manutention, les violence, l’exploitation minière en afrique, le paiement, le syndicalisme et la corruption, “Terre de démence” dénonce les comportements odieux et malheureux de ses patrons inhumains qui asservissent les ouvriers sans le moindre respect de la personne humaine. Elle réclame ainsi les meilleures conditions pour cette Afrique.
Aussi, le metteur en scene se sert également en majorité de la lumiere jaune évocatrice de rêve et de jalousie. Un symbole fort pour une Afrique jalouse et confiante de son devenir. Ceci donne à la pièce la vocation non seulement de faire croire à la libération des peuples africains tant sur le plan culturel, politique, mais aussi à espérer à un avenir.
Évoquant en outre la trahison de certains africains vis à vis des autres, le drame s’invite dans la hache narrative lorsqu’un expatrié sénégalais met fin froidement à la vie d’un autre noir. Il l’assomme à plusieurs coups de pioche avant de le jeter dans la poubelle. Mais aussi lorsque coincé sous les mines, le bras droit du boureau blanc se trouve obliger de se séparer de sa jambe en l’amputant volontairement. Ces moments sont aussitôt accentués par la projection de lumière rouge qui plongent le public dans la compassion et une profonde empathie.
Même si la langue arabe qui domine dans l’écriture de « Terre de démence » faite par Hichem Bousahla n’est pas comprise universellement pour les festivaliers, les installations scénographiques et le jeu d’acteurs qui frôlent la perfection, nous plongent dans l’univers de cette pièce de 65 minutes. Aussi la pièce renvoyait des scène à répétition et stagnantes donnant lieu à du déjà vu. Une redondance qui empêche de voir ou définir le climax de l’histoire.
Mais dans l’ensemble la pièce était didactiquement riche. Il plaît, instruit, inquiète et surtout enseigne sur une réalité dont les africains ont toujours été victimes.
Et c’est par une musique de ralliement de Bouzinou Sadek et un chorégraphie prise de transe de Lahsan Chérif que la pièce prend fin a 16h19. Un clap de fin tout aussi spectaculaire qui arrache chez le public des forts applaudissement en standing ovation.
Olivier Charly (237) 691347589
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