Robert Wilson “Le silencieux et le visuel sont un langage universel”
La rencontre du metteur en scène américain Robert Wilson, ce 03 décembre 2023, nous a permis de cerner la place des gestes dans la création théâtrale.
Revenant sur ses débuts dans le théâtre, Robert Wilson, né le 04 octobre 1941 à Waco au Texas dit avoir fait ses premiers pas dans le théâtre en 1960. Une entrée en matière qu’il qualifie d’accidentelle parce qu’ayant commencé le théâtre dans les conditions les plus difficiles et les plus inappropriées possibles car il a grandi dans une communauté ou il n’y avait pas de théâtre ni d’espace.
“Nous avons créé une petite communauté homogène d’ artistes. Nous n’avions pas d’argent, pas d’endroits conventionnels, on travaillait ou on pouvait, dans les usines, les toits, les rues bref partout où on pouvait travailler. Notre intérêt n’était pas d’être des professionnels, les artistes étaient de toutes les classes sociales, des femmes de ménages, les ouvriers, les enfants de la rue… Le public des uns était et des autres était ceux qui n’étaient pas sur scène ce jour. C’est donc dans cette atmosphère qu’on a évolué”. déclare t-il
C’est donc ainsi que l’auteur de “Jungle Book” a poussé ses premiers cris dans le sixième art. En effet, alors qu’il était à New Diesel, il avait observé un agent de police qui voulait frapper sur un enfant afro américain, affirme-il d’un air anxieux. Et en tant que citoyen, il a intervenu. Une situation qui n’a pas du tout fait bon ménage au regard de l’agent qui les a aussitôt conduit au poste.
C’est alors après un moment d’interrogatoire qu’il a été constaté que le garçon était sourd muet. Ainsi, il a été relâché et conduit dans la maison deux pièces ou il vivait avec ses parents, en compagnie de 13 personnes. Le comble est qu’en fait, personne dans la région n’avait réalisé que le gamin était sourd. Ils le prenaient tous pour un dingue.
La perception de Robert Wilson était en effet de voir qu’à partir des geste et des signaux l’on pouvait construire un message et par ricochet, une pièce de théâtre. Ce qui l’a amené à créer une pièce de théâtre à partir du langage des enfants en 1971. Une pièce de sept heures avec 68 acteurs montée à News York et qui fait une tournée aux Etats Unis, en France, En Allemagne, En Italie avec plus de 2000 personnes qui venaient la voir chaque soir pendant 5 mois.
Aujourd’hui dans ses casquettes d’acteur et metteur en scène, il a présenté ses travaux partout dans le monde et dit être convaincu que son succès soit du fait qu’ils soient visuels. D’ailleurs, il commence toujours ses pièces silencieusement avant d’évoluer par la suite car “le silence et le visuel sont un langage universel” poursuit -il dans son développement.
Robert Wilson encourage donc tous ceux qui sont dans les écoles de théâtres d’y aller, même s’il pense qu’il n’aurait pas fait le théâtre de la même façon, s’il était parti dans une école de théâtre. “L’apprentissage est un mystère et tout le monde n’a pas les mêmes capacités d’apprentissage » .
Mais L’art et la culture ont vocation de rassembler. Ce qui reste de chaque époque, ce sont des artefacts de celles – ci. Les artistes étant donc les garants de ceci, doivent servir de journal car “perdre sa culture, c’est perdre la mémoire” a t-il chuté.
Olivier Charly (+237) 691347589
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