« La Foufoune Not So In Love Ces Jours- Ci », Un monologue à la tonalité sexualiste de Leonora Miano au Récréatrales
Paru en septembre 2021, l’ebook « Les aventures de la foufoune » de la Camerounaise Léonora Miano a été adapté et mise en lecture musicale ce 03 octobre 2022 à travers la pièce « La Foufoune Not So In Love Ces Jours- Ci ».
Une forte émotion fait écouler un spectateur dans le public. Lors qu’assise sur une chaine noire, vêtue de noir, textes consignés sur des papiers formats jaunes posés une table et sans tabou, Léonora Miano touche à la sensualité et la sexualité de la femme.
Le charme…
Ce spectacle d’une heure, 25 minutes a laissé les traces sur ce plateau en fond noir de la 12ème édition du Festival « Récréâtrales ». C’est alors dans un silence de cimetière que débute ce spectacle qui avait déjà connu un retard d’une quarantaine de minutes. Il est donc 22h 20, lorsque sur instruction de la présentatrice, téléphones éteints le spectacle prends vraiment corps. Et portées par la voix rock et masculine de l’auteur, les paroles de la chanson de l’artiste française Céline Dion font office de point de départ.
Les thématiques autour
Cette représentation co-produite par Quilombo Publishing et les Récréâtrales soulève plusieurs thématiques liées à la situations quotidiennes de la vie conjugale et extra- conjugale des femmes. Une entreprise où le sexe joue un rôle important et est perçu comme indispensable. Il s’agit notamment de l’irresponsabilité de la femme sur la pratique de la sexualité.
Elle présente également les causes liées aux viols telles que l’extravagance vestimentaire des jeunes filles et leur comportement attractif vis-à-vis des hommes. Et par ces faits, la pièce sensibilise celles – ci sur les valeurs et les mœurs car, pour Léonora « la femme ne séduit pas mais se fait séduire et désirée ».
Le texte interroge aussi sur la possibilité d’un amour vrai dans une société égalitaire. Et il dénonce outre l’influence et la complicité de nombreuses femmes avec les structures oppressives au détriment du sexe faible vulnérable. Enfin, Léonora pose le problème de liberté mentale des personnes à renoncer à la vie de couple pour des simples plaisir sexuels.
Sur le choix du jeu et les expressions fortes
Toute suite, avec moins de mouvements possibles le jeu d’acteur très raffiné laisse transparaitre la pertinence des textes aux yeux de son public captif et attentif. Et l’absence de fortes lumières et d’autres artifices donne place au pouvoir des mots. Ici, tu peux entendre des expressions très sensuelles et charnelles telles que « Tu veux ressentir le plaisir et le goût du clitoris ? », « Prends- moi dans ta bouche », pénètre un vagin serré comme celui d’une jeune fille. Ecarte les jambes » ou encore « Se faire enfoncer un pénis dans l’entre jambe et dans tous les trous »…. Un langage accru qui, sur le charme de la voix masculine de la lectrice très présente, offrait un voyage au paradis des mots sans maux.
Par ailleurs sur scène, la parolière est accompagnée par le musicien Francis Lassus. Celui-ci donne le flux et le tonus au spectacle à travers une musique jouée en fond. Laquelle est émise par une symphonie du grincement des instruments live modernes et traditionnels. Cet amoureux des mots se prêtait à un jeu de comédie musicale qui a su arracher de vifs éclats rires chez la foule. Et avec des gestes comiques et très guignols. Et le pluri- instrumentiste donnait l’impression d’être toujours hors gamme. C’est normal, car d’après lui « J’étais dans les notes, il s’agissait d’une mise en scène. C’est un personnage et un rôle qui m’était assigné pour rendre la pièce plus vivante» : affirme-t-il.
Cependant, s’il y’a des choses à reprocher à ce texte, c’est son côté pervers et le fait qu’il soit trop cru et direct avec un vocabulaire trop sexualiste. Même si selon Léonora Miano: « Il s’agit des propos d’une femme déterminée à ne fournir aucun effort. Celles qui est résolue à user de son corps et par ricochet de son sexe pour séduire, rassurer et garder les hommes qui, souvent ne leurs méritent pas ».
Elle incite donc la femme à l’autonomie sexuelle à travers ces paroles : « Et quand celui qui me plait est à une autre, que je la connaisse ou non, il me semble lui rendre service. Soit elle se rend compte qu’il est temps de passer à autre chose, soit elle récupère son type».
C’est également son côté dévalorisant de la gente féminine. En effet dans ses textes, l’auteure fait une brèche sur le côté salissant et dégoutant de la femme. Elle raconte l’histoire de Pauline, une jeune fille camerounaise à la jungle pubienne très dégoutante, symbolisant la saleté, le manque d’hygiène et d’entretien des parties intimes chez la femme. Un passage qui : « crée un grand dégout », murmurait une voisine de siège sous un air dévisageant. D’ailleurs très ému et emporté par des expressions insupportables, un homme s’écoulera dans le public.
Enfin dans son dialogue, Léonora Miano semble faire l’éloge et l’apologie des abus sexuels en rendant la femme entièrement responsable des conséquences de certains actes liés aux abus sexuels. Ce qui ne cadre pas forcement avec les mœurs de la société africaine concernant la relation de l’homme et la femme. Mais d’après elle : « C’est par vraiment l’intimité de la femme qui est l’objet ni même l’homme au centre. Mais nous invitons la femme à être plus responsable, digne et intègre ».
Au demeurant, les textes présents étaient pédagogiques et très édifiants car au-delà du caractère sexualiste du livre, l’auteure livre des messages et des enseignements importants comme la liberté dans la sexualité. « Le choix de parler du sexe est une stratégie qui consiste à utiliser les détourages érotiques pour énoncer des points et dénoncer les tares qui minent de plus en plus les sociétés africaines » : conclut- elle.
Article rédigé dans le cadre de l’atelier “Médias et Théâtre” organisé par l’Association Nord Ouest Cultures, NO’OCULTURES, à l’occasion de la 12è édition des RECREÂTRALES, avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
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