Les 04 étapes d’un mariage coutumier en pays toupouri
Le mariage en pays les toupouri constitue la fondation d’une famille et est consacré par le versement d’une dot comme partout ailleurs. Cependant pour qu’il ait lieu , ceux-ci observent un certain nombre de conditions parmi lesquels les fiançailles qui retiendront notre attention.
Les fiançailles telles que nous le savons au mboa, constituent les préliminaires au mariage. Et pour qu’elles soient effectives, d’après un enquête menée auprès des chefferies traditionnelles de ce peuple et selon les sources du guide de Laurent FECKOUA « Le mariage en pays toupouri (Tchad et Cameroun) » depuis Nanterre, Université de Paris XII, trois facteurs déterminants auquel s’ajoute un facteur des considérations d’ordre social et tribal sont à respecter notamment la rencontre des amants, le choix du témoin et l’exogamie.
La rencontre des amants
La rencontre des amants est la condition la plus banale qui constitue l’animation du mariage en pays toupouri. Les lieux propices où elles se déroulent souvent sont les marchés hebdomadaires qui sont généralement des endroits où les jeunes viennent souvent se pavaner, effectuer des achats, esquisser des pas de danses et s’exhiber pour des luttes. Et la jeune fille, parce que très peu surveillée par ses parents à cet âge-là, se fait courtiser par des « Djorios » qui sont de jeunes gens dont l’objectif est de retenir son attention.
La beauté corporelle étant ainsi l’un des soucis du jeune homme, elle ne laisse pas la jeune fille insensible. Lorsqu’un groupe de garçons rencontre une demoiselle, il l’invite à faire son choix. Alors celle-ci, après avoir scruté chacun d’eux du regard, elle va serrer la main de celui qui l’intéresse. Cependant, Il lui arrive souvent de faire du spectacle en serrant la main successivement à deux ou plusieurs personnes avant même de serrer celle de son potentiel fiancé. Ce geste constitue alors une injure en l’endroit des autres qui devront l’accepter car, traditionnellement, c’est le prix à payer pour leur laideur. Mais selon les coutumes, c’est une sorte de plaisanterie pour animer le mariage.
En ce temps, le prétendant envoie un ami pour traduire ses sentiments à la jeune fille afin de favoriser leur rencontre. Dans un premier temps, celui-ci ne peut entrer en communication avec sa courtisée que par l’entremise d’une personne interposée. Cette pratique, empreinte de pudeur, de courtoisie ou de timidité permet à la jeune fille de se prononcer librement sur son soupirant.
Le choix du témoin
A la fois contrat et notaire du mariage, le témoin « Djitaogui » est une condition indispensable pour la suite des opérations. Si la jeune fille n’est pas intéressée par le prétendant, celle-ci est susceptible de lui donner un faux nom. Ce qui matérialise le refus de celle-ci. En principe le témoin ne doit aucunement être un des parents compte tenu du respect des traditions et de la liberté du consentement. Mais cette règle connait souvent des dérogations par le fait que les villages sont très souvent coiffés par la grande présence de cette catégorie.
La rigueur de l’exogamie
Cette étape conditionne beaucoup le mariage parce que les parents de la fille doivent préalablement avoir connaissance de la famille de du garçon. Ceci pour éviter de se trouver en situation d’inceste et que la relation soit jugée « Yo » c’est-à-dire contraire aux bonnes mœurs ». Mais si jamais une telle situation venait à être constatée, pour éviter toute sorte de malédiction, l’on devra procéder au « paogui wai ». Le « paogui wai » étant dès lors une manifestation rituelles exécutée par un oracle « djé halgui », qui consiste à prendre un chiot vivant et le faire trancher sur une place publique par les deux incestueux, chacun courant de son côté, en sens opposé sans se retourner.
Les considérations sociales et tribales
Depuis les années 60, le choix de la jeune fille toupouri est motivé par le port des anneaux autour des chevilles. Ce qui matérialisait sa jeunesse et sa beauté physique. Le choix est également orienté vers une certaine catégorie de personnes telles que les fonctionnaires parce qu’ils perçoivent un salaire, les étudiants et les lycéens parce que très instruits et représentent le futur. Cependant, les hostilités tribales ont permis que, plusieurs parents refusent de donner leurs filles en mariage dans des clans ou des familles ennemies.
Comme nous l’avons souligné en amont, les fiançailles constituent une condition primordiale pour l’aboutissement d’un mariage en Afrique. Certes, elle ne passe pas de la même façon partout, mais d’une manière ou d’une autre, elles tiennent lieu du début de paiement de la dot. Ce qui fera l’objet de notre prochaine étude.
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