Klaxon de Stéphan Dipita et son évolution entre 2022 et 2024
Commencé comme un petit jeu dans la petite cour de la maison de culture et de danse de Bali en 2022, il grandit à l’IFC de Douala et de Yaoundé, avant de voyager vers le grand Nord. Et aujourd’hui Klaxon a gagné en maturité en se produisant dans la majestueuse salle de Canal Olympia de Bessengue à Douala.
Rendu à sa 6ème représentation, le spectacle Klaxon de Stephan Dipita a pour la première fois allumé les projecteurs de la gigantesque salle de Canal Olympia Bessenguè. Évidement, pour les fidèles consommateurs de ce spectacle, l’évolution qui s’est opérée sur cette pièce de théâtre au fil du temps est assez conséquente.
Il est inéluctable de remarquer tout d’abord que le son de klaxon a changé. Celui- ci est passé de pipiiiiimmm (klaxon de véhicules légers) à Pompooooommm (klaxon de camions et gros porteurs)🤣. Oui, cela pourrait paraitre aussi drole qu’une blague de Julien Eboko ou le jeu três comique de Anthony Doumbè (le fou, batteur) qui a fait son entrée dans la pièce ce jour).
La seconde remarque dans l’évolution de klaxon est bel et bien l’entrée du quatrième personnage dans la pièce. Alors qu’ antérieurement, la pièce était jouée par trois acteurs, nous avons observé l’entrée en matière de Fred Anthony Doumbè, qui incarne désormais le rôle du fou, qui “n’est pas fou” et du batteur (drums) qui “n’a rejoint la pièce que deux semaines avant le spectacle”, nous confit le metteur en scène Stephan Dipita.
Alors Doumbè, avec son jeu d’acteur frôlant la perfection, bien que redondant au début, a su donné à la pièce une autre coloration. Une immersion par la musique qui visiblement amplifit certaines scènes en transmettant de ribambelliques et vibrantes émotions .
Un choix qui n’est pas vain car comme le déclare l’enseignant d’art de spectacle à l’université de Douala Stéphan Dipita, “Je sentais que le spectacle manquait de dynamisme. Il y’avait beaucoup de creux et de temps morts. Alors je voulais de la musique. Mais pas une musique qui soit juste un ajout pour combler mais, que celle -ci fasse partie du spectacle. C’est donc pourquoi j’ai pris un personnage pour jouer la musique et également pour intégrer le spectacle”.
Aussi, nous remarquons une amélioration au niveau de la diction. La qualité de la diction était agréable. C’est – à – dire que, le dialogue était assez limpide qu’avant même si à chaque fois, il y’avait des freins de langues qui se faisaient ressentir chez certains acteurs. Ça peut se comprendre. Une autre innovation, la pièce connait déja des doublures prêtes à seconder les comédiens principaux en cas d’indisponibilité de l’un ou l’autre.
Klaxon intègre également de nouvelles thématiques comme la maladie mentale et l’immigration canadienne tout en rappelant le rôle protecteur des communes vis – à – vis de ces malades mentaux.
Rappelons que le fils de Bomono dans sa démarche, traite des problèmes socio – politiques tels que l’incivisme, le désordre urbain, les inondations, l’écologie, l’insalubrité, l’abus de pouvoir de certaines autorités… Et les rôles étaient interprétés par Julien EBOKO dans le rôle des motomen, Tina EKAMBI dans les rôles de la call- bosseuse et Dieu et Eliane KOUMETIO dans les rôles de la commerçante et la femme accidentée.
Cependant, trop d’améliorations peuvent avoir des conséquences. Les apports opérés dans la pièce commencent à dénaturer le spectacle. Klaxon devient de plus en plus élitiste et s’éloigne de son public. Également, il est de plus en plus professionnel, mais ne tient pas compte des réalités et du déficit technique qui constituent un veritable frein pour cet art au pays.
La salle aurait pu mettre à la disposition du spectacle le matériel adapté comme les micros cravates au lieu de disposer des installations du genre concert musical. Également le son en fond sonore, les bruitages et autres avaient de la peine à faire échos. Une situation qui a rendu le spectacle assez énergivore pour les comédiens.
Pour le prix RFI talent du rire et son équipe c’était un grand challenge. Heureusement, un pari gagné car primo, ils ont joué klaxon pour la première fois dans une plus grande salle. Secondo, ils ont réussi à faire le plein de celle- ci. Et enfin, il ont réussi à ramener le théâtre dans une salle de cinéma comme c’était le cas dans les années 80. Chose très louable.
Mais l’on se pose la question sur la cible principale de cette pièce. Autrement dit : “Pourquoi les communautés urbaines du pays trainent – elles à s’approprier ce spectacle qui se veut aussi sensibilisateurs tant sur l’assainissement des villes, interpellateur pour les usagers, commerçants et autres acteurs de désordre urbain?
Bref, en attendant, Stephan compte entamer la deuxième phase de l’objectif de Klaxon, c’est – à – dire: «le jouer dans les grands carrefours et marchés du pays» nous livre t-il. Perso, j’ai hâte de voir les doublures en action.
Olivier Charly (+237) 691347589
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